Les commémorations du 17 novembre, célébrant la chute du régime
communiste en 1989, se déroulent dans un contexte politique tendu, alors
que le Premier ministre tchèque Andrej Babiš est sur la sellette depuis
le début de la semaine. De nombreux partis politiques et une partie de la
population l'appellent en effet à démissionner suite au témoignage
de son fils, qui affirme avoir été enlevé en Crimée en 2017 afin de ne
pas avoir à témoigner dans une affaire de fraude présumée aux
subventions européennes pour laquelle son père est poursuivi par la
justice.
Samedi, des politiques, de personnalités du monde de la culture et des
anonymes ont défilé au centre-ville de Prague, rue Národní, haut lieu
symbolique de la révolution de velours, mais aussi la place Venceslas,
lieu traditionnel de rassemblement, pour y déposer des bouquets de fleurs
et allumer des bougies.
Le chef du gouvernement tchèque Andrej Babiš s'est rendu dans la rue
Národní peu de temps après minuit afin d'éviter l'hostilité
d'une partie de la population. Ce samedi matin, le bouquet du Premier
ministre a été jeté aux ordures par les premières personnes venues se
recueillir sur le lieu de mémoire. Une bouquet du président tchèque
Miloš Zeman (qui a choisi toutefois de ne participer à aucune des
commémorations du 17 novembre) ainsi que par le leader du parti
d'extrême-droite SPD, Tomio Okamura, ont également été jetées. Le
chef de file des sociaux-démocrates, Jan Hamáček, dont le parti est
membre de la coalition gouvernementale formée avec le mouvement ANO
d'Andrej Babiš, a été hué par la foule.
Les organisations étudiantes ont pour leur part participé à la
traditionnelle cérémonie du souvenir dans le quartier d'Albertov à
Prague, rappelant les événements de 1939 et 1989. Cette cérémonie
d'une heure environ s'est déroulée en présence des
représentants étudiants et de dirigeants d'universités. Plusieurs
centaines de jeunes gens étaient présents.
Plusieurs milliers de personnes ont participé à Prague à une
manifestation contre le Premier ministre Andrej Babiš et le président
Miloš Zeman. Parti du Château de Prague, siège de la présidence, le
cortège a traversé le cœur historique de Prague jusqu'à la place
de la Vieille-ville. Intitulé « En soutien à une République tchèque
civilisée », le défilé était organisé par l'organisation Un
million de moments pour la démocratie, déjà à l'origine de la
manifestation de jeudi soir, place Venceslas, qui avait rassemblé quelque
5 000 personnes. Les manifestants ont brandi des pancartes critiquant les
deux hommes politiques, ainsi que des drapeaux tchèques et européens.
Les commémorations du 17 novembre 1989 n'ont pas eu lieu que dans la
capitale tchèque, mais un peu partout dans le pays. De même que les
actions de protestation à l'encontre du chef du gouvernement. Un
millier de personnes environ ont manifesté à Brno, deuxième ville de
République tchèque, contre le Premier ministre. De nombreux manifestants
ont brandi des pancartes désignant Andrej Babiš comme un menteur et un
agent de la StB (l'ancienne police politique communiste). Selon la
porte-parole de la police tchèque, la manifestation s'est déroulée
calmement et sans altercations.