La coalition gouvernementale dirigée par Andrej Babiš, composée de son
mouvement ANO et de la social-démocratie, va pouvoir rester en place. La
motion de censure, déposée par six partis de l'opposition suite aux
nouveaux développements dans l'affaire dite du nid de cigognes, dans
laquelle le Premier ministre fait l'objet de poursuites, n’a pas
été adoptée ce vendredi par la Chambre des députés.
Pour être approuvé, le texte avait besoin d’au moins 101 voix sur les
200 sièges que compte la Chambre basse du Parlement. Il n’en a recueilli
que 92. C’est précisément le nombre de parlementaires des six partis
d’opposition concernés, le parti ODS, le parti des Pirates, les
chrétiens-démocrates, le mouvement STAN, le parti conservateur TOP 09 et
la formation d’extrême-droite du SPD. 90 députés ont voté le soutien
au gouvernement, c’est-à-dire tous les élus du mouvement ANO et du
parti communiste, lequel supporte la coalition gouvernementale sans y
participer. Les sociaux-démocrates, qui auraient pu faire basculer le
vote, n’y ont pas participé comme leur direction l’avait décidé et
annoncé jeudi.
Le vote a eu lieu dans l’après-midi, après plus de six heures de
débat. A l’issue du scrutin, le président social-démocrate, le
ministre de l’Intérieur Jan Hamáček, a répété la position de son
parti : « Le gouvernement réussit. Et je veux dire pour la
social-démocratie que le projet gouvernemental a notre soutien. Il est
cependant évident que la personnalité du Premier ministre pèse sur ce
gouvernement ». Les sociaux-démocrates demandaient le remplacement de M.
Babiš et se disaient également ouverts à l’idée d’une dissolution
de la Chambre des députés qui serait suivie d’élections anticipées.
Dans l’opposition, on estime que le bilan n’est pas seulement négatif
de cette tentative ratée de faire tomber le gouvernement. « La majorité
des députés, qui n’ont pas eu peur d’exprimer leur opinion, s’est
prononcée contre la confiance à la coalition gouvernementale », a noté
Ivan Bartoš, le leader des Pirates. Même son de cloche du côté du parti
civique-démocrate ODS, dont le président Petr Fiala a indiqué : « Le
résultat le plus important, c’est tout d’abord que le gouvernement a
survécu au vote mais qu’il a perdu la confiance de la Chambre des
députés. C’est ensuite que le chef du gouvernement est maintenu dans
ses fonctions, mais qu’il n’a pas pu conserver la majorité de la
Chambre des députés ».
L'affaire dite du nid de cigognes, sur un présumé détournement de
fonds européens pour la construction d'un centre récréatif en
Bohême centrale, a connu un nouveau rebondissement il y a quinze jours
quand le fils du Premier ministre, également inculpé, a affirmé avoir
fait l'objet d'un enlèvement vers la Crimée. Ses ravisseurs
présumés auraient ainsi voulu éviter qu'il puisse témoigner devant
les enquêteurs. Pour Andrej Babiš, ces déclarations ne tiendraient pas
puisque son fils souffrirait de troubles mentaux.