Pour le procureur général de la République, Pavel Zeman, qui
s'exprimait pour la Télévision tchèque ce dimanche, les conclusions
du rapport provisoire de la Commission européenne établissant que le
Premier ministre Andrej Babiš est en situation de conflit
d'intérêts, est « grave » et peut suggérer qu'il y a bel et
bien eu infraction pénale. Pavel Zeman a également fait savoir que son
Bureau était en train d'examiner également le rapport dont le
contenu a été publié par la presse tchèque, et qu'il rendrait ses
conclusions dans deux ou trois semaines.
Selon le rapport de la Commission européenne, Andrej Babiš serait
toujours en mesure de contrôler sa compagnie Agrofert, en dépit du
placement de ses actifs dans des trusts, il y a deux ans, pour ne pas
contrevenir à la loi sur le conflit d'intérêts. Le document
établit également que de par sa fonction, le Premier ministre tchèque
est en mesure de décider de la distribution des subventions européennes.
La Commission européenne estime que tous les fonds européens reçus par
la société Agrofert depuis février 2017 devraient lui être rendus, une
somme qui pourrait s'élever jusqu'à 450 millions de couronnes
(17,4 millions d'euros).
Andrej Babiš a vigoureusement nié les conclusions du rapport, et a même
suggéré qu'une partie du rapport a été rédigé par des Tchèques,
estimant que les arguments utilisés étaient les mêmes que ceux du Parti
pirate et de Transparency International, ONG qui avait déposé un recours
auprès de la Commission européenne afin qu'elle se saisisse de
l'affaire.
La ministre de la Justice Marie Benešová a pour sa part déclaré
qu'elle ne voyait aucune raison de ne pas croire le chef du
gouvernement tchèque. S'exprimant pour la chaîne de télévision
privée Prima ce dimanche, elle a estimé qu'Andrej Babiš avait
respecté les obligations légales qui lui incombait en plaçant Agrofert
dans deux trusts. Marie Benešová a été nommée à son poste très
récemment, et est contestée par une partie de la population et de
l'opposition qui soupçonne une manœuvre du Premier ministre pour
placer à la tête du ministère une personne qui lui est favorable, alors
même qu'il a également fait l'objet d'une enquête en
République tchèque pour une fraude présumée aux subventions
européennes, dans l'affaire dite du Nid de Cigognes. Une nouvelle
manifestation est d'ailleurs prévue ce mardi 4 juin à Prague.
A noter qu'en avril dernier, la police tchèque a recommandé la mise
en accusation d'Andrej Babiš et que la décision d'entamer des
poursuites revient désormais au procureur général de la République,
Pavel Zeman.