1989 : l’hymne officieux du pays, chanté par Marta Kubišová, sera joué le 17/11 à 17h11

Marta Kubišová, photo: ČT24

Elue chanson du siècle à l’issue d’un concours organisé l’année dernière par la Radio publique tchèque à l’occasion du centenaire de la fondation de l’Etat tchécoslovaque, « Modlitba pro Martu » - « Prière pour Marta » sera diffusée par la majorité des stations de radio, publiques comme privées, dans toute la Tchéquie le dimanche 17 novembre symboliquement à 17h11, à l’occasion du 30e anniversaire de la révolution de Velours.

Avec son interprète Marta Kubišová, « placardée » par les autorités, la chanson « Prière pour Marta » est devenue un des symboles de l’écrasement du Printemps de Prague en 1968, puis des manifestations qui ont abouti à la chute du régime communiste en 1989.

21 Novembre 1989, date d’un extraordinaire come-back et l’un des moments les plus émouvants de la révolution de Velours : Marta Kubišová est sur le balcon devenu célèbre place Venceslas. Elle entonne a capella la Prière pour Marta. L’artiste a raconté ses souvenirs au micro de Radio Prague :

« La révolution… tout a été très vite. L’acteur Ondrej Vetchý est venu me chercher en m’annonçant qu’il devait me servir de garde du corps. Il m’a emmenée jusqu’à l’immeuble Melantrich et tout d’un coup je me suis retrouvée sur le balcon. Ils m’ont dit ‘Ce serait bien de chanter ta petite prière a cappella’. »

« J’ai chanté un extrait, tant bien que mal. Je n’ai pas pleuré, mais je n’étais pas au mieux, je peux vous le dire. Quand j’ai vu la foule immense sur la place, je me suis dit qu’aucune chanteuse au monde n’avait eu un tel come-back. »

« Même certains journalistes étrangers pleuraient. Sans comprendre les paroles, ils se doutaient que je sentais quelque chose d’émouvant. »

'Prière pour Marta',  photo: ČT
« Encore aujourd’hui, quand je repense à ce jour de novembre 1989, c’est l’angoisse ! Heureusement que je ne dois plus chanter a cappella – parce que si vous vous plantez, c’est terrible ! »

« La prière pour Marta a été écrite à l’origine pour une série télévisée. L’auteur du texte a utilisé deux vers de Comenius qui sont sur le monument de Jan Hus, place de la Vieille-Ville à Prague. Des vers, qui en 1968, à l’époque où les chars russes circulaient dans les rues et où on tirait, ont marqué les gens. Dans la rue, on me disait ‘Quelle belle chanson ! Est-ce qu’on l’entendra encore ?’ et je répondais ‘Si ça marche, alors oui’. »

Mais il a fallu attendre plus d’une vingtaine d’années pour que ça marche et pour que Marta puisse enfin rechanter sa prière et son premier couplet :

« Que la paix reste toujours avec ce pays,
que la rage, la jalousie, la rancune, la peur et les querelles disparaissent... ».