Au Festival du film français, une Blanche-Neige croqueuse d’hommes

'Blanche comme neige', photo: Site officiele du Festival du film français

Parmi les douze avant-premières présentées à la 22e édition du Festival du film français, le dernier film de la réalisatrice Anne Fontaine, Blanche comme neige, qui revisite le conte de la jeune fille poursuivie par sa marâtre, incarnée ici, respectivement par Lou de Laâge et Isabelle Huppert. Au micro de Radio Prague Int., Anne Fontaine est revenue sur la genèse du film.

Anne Fontaine,  photo: Site officiele du Festival du film français
« J’ai d’abord eu l’idée de faire un personnage de jeune femme qui rencontrerait, lors d’une sorte de quête initiatique, plusieurs hommes avec lesquels elle aurait des relations. Il y a eu le film ‘L’homme qui aimait les femmes’, l’idée était de montrer une femme qui aimait les hommes et surtout, qui ne soit pas obligée de choisir et de vivre avec ce fantasme du prince charmant. Je trouvais cela intéressant, de la montrer sans que ce soit une prédatrice, ou quelqu’un souffrant d’une pathologie névrotique. J’ai commencé à imaginer ce personnage et je me suis demandé combien d’hommes elle allait rencontrer dans le récit. Je suis arrivée au chiffre sept et je me suis dit que ça me rappelait quelque chose. Evidemment, c’étaient les sept nains ! Petit à petit, ça s’est construit ainsi. J’ai eu le sentiment que mêler le principe du conte avec sa propre dramaturgie et la modernité de ce comportement de cette jeune fille qui est tout sauf Blanche-Neige, créerait une sorte de fantaisie, une complicité avec le spectateur qui a sa propre version de l’histoire dans ses souvenirs d’enfance. »

Le décor du film est à la fois très réel et surnaturel. Etait-ce une manière de rendre, à l’écran, l’aspect du conte en jouant sur ce registre ?

« Oui, cette forêt qu’elle traverse est un peu comme un pays imaginaire. Les deux jumeaux qui ont une bâtisse hallucinante, tout cela est réel, mais c’est travaillé dans la lumière, le brouillard… L’idée était toujours de rester à la lisière de la fantaisie, du conte, tout en restant véridique. J’ai essayé de maintenir esthétiquement de maintenir cela dans le choix des décors et la manière dont je conduis le sujet. »

Blanche comme neige est-il un film féministe ?

'Blanche comme neige',  photo: Gaumont Distribution
« Tous les films qui donnent aux femmes un rôle fort, avec de la liberté, sont féministes au sens où ils mettent en valeur un personnage féminin qui n’est pas convenu, qui est le contraire de la vraie Blanche-Neige. Mais ce n’est pas revendiqué. Il n’y a pas le côté didactique d’un film qui veut absolument être féministe. Je pense que le spectateur est intelligent : ce qui est intéressant c’est d’avoir des personnages libres et souverains. A ce moment-là, on peut dire que tous mes films sont féministes : Coco avant Chanel, Les Innocentes. J’essaye que mes personnages soient forts et aient de la liberté. En ce sens, c’est féministe, mais je n’aime pas trop ce mot qui a quelque chose d’obligatoire et de didactique. »