Les cultures d’Afrique célébrées au cœur de Prague

Le groupe de musique de Papis Nyass, photo: Irena Vodáková

Samedi dernier sur la place du Théâtre national, le festival « Benso sur la piazzetta » s’est tenu le temps d’un après-midi dans le but de célébrer les arts et les traditions du continent africain. Un moment de fête sur scène, l’opportunité également pour le public de découvrir les produits et l’artisanat des pays d’Afrique dans un marché aménagé pour l’occasion.

Créé en République tchèque par la dramaturge Lucie Němečková il y a plus d’une quinzaine d’années, le festival « Afrique en création » reste fidèle à sa devise : « Nous sommes tous Africains ». Un moyen de rappeler que les cultures issues des pays d’Afrique forment un patrimoine qui se vit à travers le monde et se perpétue jusqu’en Tchéquie.

Au programme de l’après-midi, de nombreuses performances artistiques ont mis en lumière la diversité culturelle africaine : des percussions et des chants traditionnels d’Afrique subsaharienne, de la danse orientale du Maroc et d’Egypte, des chants du Maghreb ou encore du gospel. Des performances théâtrales autour de contes africains avec masques et costumes sont également venues nourrir l’imagination des plus petits spectateurs.

L’artiste tunisienne Kat Bent L’Amor,  photo: Hana Francová

Parmi les invités qui ont contribué à l’animation de la journée, les groupes AneboAfro, BaToCu ou encore les percussionnistes Papis Nyass et Mohamed Camara. Peu avant la clôture du festival, Kaouther, qui débute à Prague sous le nom de Kat Bent L’Amor, a décidé de monter sur scène rendre hommage à la chanson traditionnelle tunisienne.

« Ce n’était pas prévu. C’est important de rappeler que l’Afrique du Nord et la Tunisie font partie de l’Afrique. Beaucoup de gens en Europe ou aux Etats-Unis ont cette vision de l’Afrique qui se résume à une seule zone géographique, avec une culture noire, une musique et des percussions spécifiques, alors que l’Afrique est bien plus riche que cela. »

Côté chorégraphie, après le groupe de danse orientale Sahar, le public a eu la chance de découvrir The Ghost, une performance mise en scène spécialement pour l’occasion par Monika Rebcová, avec la danseuse Angela Nwagbo et le danseur Benjamin Peguero.

Le groupe de danse orientale Sahar,  photo: Irena Vodáková
Les danseurs Angela Nwagbo et Benjamin Peguero,  photo: Irena Vodáková

L’Afrique au cœur du Théâtre national tchèque : une rencontre de deux traditions qui a séduit Nebiyou Temesgen, Pragois depuis vingt-cinq ans. Le stand de sa petite compagnie familiale « Naty’s Coffee », spécialisée dans le café d’Ethiopie, faisait face à ceux consacrés aux bijoux, vêtements traditionnels ou produits cosmétiques d’Afrique :

« C’est très encourageant que ce festival consacré à l’Afrique se produise devant le Théâtre national, un lieu majeur de la culture et de l’histoire tchèques. C’est un honneur et un privilège pour moi de faire partie de cet événement. »

La comédienne Eliška Mesfin-Boušková,  photo: Irena Vodáková

Pour la comédienne tchèque Eliška Mesfin-Boušková qui animait le festival, il est réjouissant que la Tchéquie valorise davantage la diversité culturelle. Née à Prague d’une mère tchèque et d’un père éthiopien, elle a grandi sous le régime communiste, dans un petit village de la Tchécoslovaquie des années 1980. Une période peu propice à l’épanouissement de sa double identité dans un pays alors bien moins cosmopolite qu’aujourd’hui. Au micro de Radio Prague Int., elle a expliqué qu’elle tenait désormais à partager des contes d’Afrique avec des enfants pour qu’ils voient et entendent des acteurs africains parler tchèque.

Pour Sihle et Alena, un jeune couple originaire d’Afrique du Sud et de Tchéquie, ce festival était un moment idéal pour revivre ensemble leur passion commune pour l’Afrique, non sans nostalgie :

« Nous nous sommes rencontrés en Afrique du Sud. Je suis arrivé en République tchèque il y a un an. Quand j’ai appris que ce festival se tenait ici, j’ai tout de suite été intéressé. Ce que j’ai laissé derrière moi en Afrique me manque un peu donc je trouve que cet événement est très bien. J’ai été surpris qu’il y ait un tel intérêt pour l’Afrique ici. »

« Je suis venue à ce festival parce que j’ai habité en Afrique pendant quatre ans. La culture africaine me manquait. J’ai voyagé à travers trente pays africains, notamment en Tanzanie, au Kenya et en Afrique du Sud. Ça fait peu de temps que je suis revenue en République tchèque donc je voulais voir la façon dont les Tchèques ressentent une connexion avec l’Afrique et ses cultures. »

Pour assister à la prochaine édition du festival, il faudra attendre le printemps 2021 où de nouvelles surprises attendront le public pragois.

Les contes africains pour les enfants,  photo: Irena Vodáková