Jindřich Wankel

Jindřich Wankel
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Médecin remarquable, Jindřich Wankel, était également un grand amateur de spéléologie et d’archéologie, deux domaines dans lesquels il réalisa des recherches importantes.

Dans les années cinquante et soixante du XIXe siècle, il dressa avec ses amis une carte de plusieurs grottes du Karst morave et, par ses recherches, il traça la base de la paléontologie morave. Grâce à un processus de conservation dont il fut lui-même l’inventeur, il assembla les squelettes d’animaux diluviaux pour des musées prestigieux tels que celui de Munich ou de Berne. Il était en contact avec les scientifiques du monde entier faisant des recherches dans le domaine de la zoologie, de la paléontologie, de l’anthropologie, et présentait les résultats de ses recherches scientifiques aux congrès archéologiques mondiaux. Le docteur Wankel fut l’un des premiers membres de la Deutsche Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Uhrgeschichte fondée en 1870 par Rudolf Virchow à Mayence et membre de la Société anthropologique de Vienne, fondée la même année par Karel Rokitanský. En 1873, il exposa ses collections dans le cadre de l’Exposition mondiale à Vienne, au Congrès des naturalistes à Graz et au Congrès archéologique à Kiev. Il donna également des conférences aux Congrès des anthropologues à Munich et à Constance. Jindřich Wankel fut également le fondateur de l’Association de musée patriotique, qu’il fonda au début des années trente avec son gendre le professeur Havelka à Olomouc. Bien que Jindřich Wankel ne maîtrisa jamais bien le tchèque, car on ne parlait que l’allemand en famille, il fut un grand patriote et adorait la Bohême.

Le Rocher du taureau
Jindřich Wankel, né le 15 juillet 1821 à Prague, venait d’une famille de hobereau. Sa mère était Tchèque et son père Allemand. C’est ce dernier qui éveilla chez son fils l’intérêt pour les sciences naturelles. Malheureusement, son père est décédé alors que Jindřich était encore enfant. La famille s’est retrouvée dans une situation difficile et manquait d’argent en permanence. Malgré toutes ces entraves, Jindřich décide de faire des études de médecine qu’il termine avec succès. Après quelques mois passés à l’hôpital des Frères Miséricordieux à Prague, il part à Vienne pour acquérir de nouvelles expériences. Dans la capitale de l’Empire d’Autriche-Hongrie, il travaille comme assistant du célèbre anatomiste, le professeur Josef Hyrtl à l’Université de Vienne. Au retour de Vienne, il passe quelques jours chez un ami en Moravie où il se plait beaucoup. Il commence à s’intéresser au poste de médecin dans les usines métallurgiques locales, mais la révolution de 1948 repousse temporairement cette idée. Il part à Prague où il soigne les blessés sur les barricades. Une fois l’orage de la révolution de 1848 passé, il revient en Moravie et commence effectivement à travailler comme médecin dans les usines métallurgiques d’Hugo Karel Salm à Jedovnice, près de Blansko, où il s’installe. C’est précisément à cette époque qu’il fait la connaissance de la belle Eliška, de onze ans sa cadette, dont il tombe amoureux. Un amour réciproque qui, quelques mois plus tard, aboutit à un mariage qui durera toute une vie. Eliška donna à Jindřich quatre filles et fut pour lui un grand soutient. Toutes les filles furent d’excellentes ethnographes.

Grand passionné de la spéléologie et de l’anthropologie, il racheta à la fin des années quarante du XIXe siècle des dépouilles préhistoriques, que les gens, en majorité des étrangers, volaient des grottes du Karst morave et sortaient du pays. Ses recherches aboutirent à la découverte d’un crâne d’ours blessé par une pointe de jaspe, découverte reconnue à l’échelle mondiale prouvant la présence de l’ours des cavernes au temps de l’existence de l’homme. La plus grande découverte dans la carrière géologique et spéléologique de Jindřich Wankel fut le lieu d’incinération celte dans la grotte du Rocher du taureau. Dans les années quarante du XIXe siècle, on exploita dans cette grotte du sable alluvionné au cours du débordement des eaux et pendant les travaux les ouvriers trouvèrent des objets de bronze et des os humains. Ce fait attira l’attention du docteur Wankel qui entreprit des recherches sur ce lieu, mais sans résultats. Puis, en 1869, deux étudiants trouvèrent par hasard dans la grotte le relief d’un taureau en bronze. Jindřich Wankel se lança donc dans de nouvelles recherches archéologiques et, cette fois-ci, ses efforts furent couronnés de succès. En 1872, il découvrit un lieu d’incinération celte : les restes d’un char à quatre roues, les os calcinés d’un prince guerrier et des restes de corps humains (bras, jambes et mains tranchés).

Malheureusement, la même année, le propriétaire des usines métallurgiques, le comte Karel Hugo Salm, remit l’usine à son fils. Mais le jeune comte s’intéressa fort peu aux recherches du grand spéléologue et archéologue. Au début des années quatre-vingt du XIXe siècle, le jeune comte envoie à Jinřich Wankel un décret de départ en retraite. Aux termes du décret ce dernier se voit contraint de quitter son appartement dans les espaces du château dans un délai d’un mois. Le plus grand problème se pose pour les collections de plus de huit mille exemplaires qu’il faut placer quelque part. Le médecin propose ses collections précieuses au Musée national de Prague et de Brno. Mais les deux institutions ne manifestent aucun intérêt. Finalement, il accepte avec plaisir l’offre des chercheurs du Musée de la Cour (Naturhistorische Museum) à Vienne.

En 1892, Jindřich Wankel est partiellement paralysé suite à une congestion cérébrale. Il est décédé cinq ans plus tard, le 5 avril à Olomouc. Le scientifique célèbre était le grand-père de Karel Absolon, archéologue de grande renommée et du non moins célèbre chirurgien de Brno Jaroslav Bakeš.