Julius Edvard Marak

Julius Edvard Marak, photo: CTK
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Les peintures de Julius Edvard Marak, paysagiste tchèque du XIXe siècle des plus remarquables symbolisent le passage du romantisme au réalisme. Mais c'était également un dessinateur et un graphiste non moins important. Il est connu surtout pour ses magnifiques tableaux représentant les profondes forêts de Bohême. Son pinceau, une baguette magique qui souffle la vie dans les toiles du peintre. On ressent une sensibilité extraordinaire émanant de cette nature figée et si vivante pourtant, le vent et le bruissement des feuilles. Parfois, on a même l'impression de sentir l'odeur des feuilles, des arbres, de la mousse, de la forêt... Et de telles forêts aux feu follets existent encore, par exemple dans les monts de Brdy ou dans le sud de la Bohême dans la région du château Orlik.

Julius Edvard Marak,  photo: CTK
Le peintre Julius Edvard Marak est né le 29 mars 1832 à Litomysl, ville de Moravie, où il a également fait ses études au lycée. Il aime beaucoup la musique et fait un peu de dessin. Mais c'est surtout sa rencontre avec le professeur de dessin et peintre Antonin Dvorak qui le décide à devenir peintre. Il rentre à l'Académie de Prague, mais le style ne lui convient pas. Les cours sont plutôt axés sur le style classique et J. Marak incline vers un romantisme naturel. Pour lui, la nature c'est le sens et la profondeur de la vie, la forêt, le logis de l'âme. Il part donc en Allemagne pour continuer ses études à l'Académie de Munich où il prend des cours chez Leopold Rottmann. Parce que la situation financière de son père était peu satisfaisante et en raison de sa propre maladie, le jeune peintre est obligé de revenir au pays. Trois ans après il peut repartir à l'étranger pour acquérir de nouvelles expériences. Il part à Vienne avec l'espoir de faire une belle carrière. Malheureusement il se retrouve à donner des cours de dessin dans des familles de la grande noblesse. Il est très bien payé mais peu satisfait. Finalement il trouve tout de même l'occasion de publier ses dessins dans des magazines tels que Monatshefte ou Über Land und Meer. En 1868, la maison Goupil et Kaeser de Paris l'invite à travailler sur le cycle Quatre saisons et Quatre périodes du jour, créations qui lui rapportent du succès et une grande renommée à l'étranger.

J. E. Marak a presque quarante ans lorsqu'il épouse son élève, Ida Pfeffermann, dont il était très amoureux. Le couple habite Vienne d'où le peintre réalise de nombreux voyages dans les Alpes d'Autriche, en Slovaquie et en Bohême. A chaque fois, il ramène de précieuses esquisses. A partir de celles-ci, J. Marak peint le cycle Solitude dans la forêt, les Images de la forêt autrichienne et fait douze dessins, accompagnés au cours de leur exposition par les poèmes du poète allemand J. V. Scheffel. En 1881, la direction du Théâtre national le charge de décorer l'antichambre de la loge royale par des tableaux de lieux et de châteaux de Bohême mémorables. J. Marak choisit la ville hussite de Tabor, le mont Blanik avec ses chevaliers endormis, Hradcany qui domine la ville de Prague, le légendaire château de Vysehrad, le mont Rip, lieu depuis lequel l'ancêtre mythologique Cech, (Tchèque), patriarche de la nation tchèque, a choisi la terre où pourraient s'établir les Tchèques.

Le mont Rip
Julius Marak peint également des tableaux pour décorer l'escalier du Musée national et peu avant sa mort il achève de peindre les châteaux de Bohême pour le Musée du pays. Le peintre est connu, il donne même des cours à l'Académie de Prague, dont il devient finalement le président, mais il souffre de difficultés financières. Julius Edvard Marak, membre de l'Académie tchèque des Sciences et des Arts, est décédé le 8 octobre 1899 à Prague.

Le grand peintre, dont on connaît bien les nombreuses expositions posthumes, a créé toute une école. Souvent, il faisait sortir ses disciples dans la nature pour avoir une approche parfaite. On sait aussi qu'il leur faisait peindre différents matériaux naturels pour bien faire la différence entre leurs structures. La technique passait en second plan. Cela ne veut nullement dire qu'il n'y attachait pas d'importance. Seulement, il estimait que la sensation de l'objet et sa représentation sur la toile étaient la base de tout art pictural.