Antonin Dvorak est mort il y a cent ans. Sa musique reste pleine de vie...

"Les mélodies de la musique de Dvorak sont faciles à écouter, mais difficiles à interpréter. Ça n'arrête pas de me surprendre." Jiri Barta, violoncelliste."Parmi toutes les compositions de Dvorak, je préfère Stabat mater. Pour ce quelque chose d'inexprimable qu'elle dégage, qui est dans l'air : un mélange d'émotions telles que l'humilité, la foi dans le bien, l'espoir d'une vie nouvelle." Dagmar Peckova, mezzo-soprano. "Sa musique est, pour moi, comme une voix venant d'en haut. Dvorak reste fidèle à soi-même, et pourtant, il est à chaque fois un peu différent. Merveilleux... Divin..." Bohuslav Matousek, violoniste. Dès la fin du XIXe siècle, la musique d'Antonin Dvorak, disparu le 1er mai 1904, touche en plein coeur le public aux quatre coins du monde : aux Etats-Unis, au Japon, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France et, évidemment, en République tchèque. La vie du compositeur, sa gloire et son bonheur familial, son séjour aux Etats-Unis, la visite d'un endroit en Bohême centrale qui lui était le plus cher au monde, rencontre avec un interprète de sa musique et avec un de ses descendants... Tout cela dans cette émission spéciale que nous voulons plaisante et enchanteresse, comme cette Danse slave numéro 5.

La carrière internationale d'Antonin Dvorak débute, dans les années 1870, justement avec les Danses slaves. Ce premier succès retentissant n'est pourtant pas venu tout de suite - Dvorak approchait alors déjà de la quarantaine. Il est né en 1841, à Nelahozeves, une petite commune de Bohême centrale. Fils aîné d'un père boucher et aubergiste, il était prédestiné à continuer dans le métier. Mais le petit Antonin prit très tôt goût à la musique. A dix-sept ans, il commence, à Prague, des études dans une école d'organistes. Pendant plusieurs années, il joue de l'orgue à l'Eglise Saint-Adalbert, de l'alto dans l'orchestre du théâtre Prozatimni divadlo, sous la baguette de Bedrich Smetana et il compose de la musique. Pour lui-même... Pendant dix ans, Dvorak ne montre ses compositions à personne ! En même temps, il donne des cours de musique à deux filles d'un orfèvre pragois, les deux femmes de sa vie : Josefina, comédienne au Prozatimni divadlo, et dont on reparlera encore aujourd'hui, a été son premier grand amour. Mais Dvorak épousera sa soeur cadette, Anna, et ce sera un mariage heureux. Pendant vingt-sept ans, le couple habite à Prague, rue Zitna, à proximité de la place Charles. Antonin et Anna ont neuf enfants, mais les trois premiers meurent peu après leur naissance. Brisé par ce malheur, Dvorak compose l'oratorio Stabat Mater.

La maison d'Antonin Dvorak à Nelahozeves | Photo: CzechTourism
"Partout, dans la rue, à la maison, dans les magasins, il y a des foules de gens autour de moi et ils me demandent tous une signature. Mes portraits sont dans chaque librairie et on les achète ! Pour avoir un souvenir de moi...", écrit Antonin Dvorak à ses proches alors qu'il effectue sa première tournée en Angleterre, en 1884. Il n'en revient pas du succès de Stabat Mater au Royal Albert Hall de Londres, devant 10 000 spectateurs. L'Angleterre est subjuguée par sa musique et par la suite Dvorak franchira la Manche neuf fois en douze ans.

La notoriété internationale de Dvorak s'accroît encore aux Etats-Unis, où le compositeur réside avec sa famille entre 1892 et 1895. Il enseigne au conservatoire de New York, ville qui ne l'a pas oublié : il y a quelques années, on a élevé en son honneur une statue à Manhattan, pas loin de la maison où il habitait et qui, hélas, n'existe plus. Antonin Dvorak est arrivé aux Etats-Unis à l'invitation de la directrice du Conservatoire, Jeannette Thurber. Son intention était que le génie de la musique tchèque pose les fondements de la musique classique américaine. Dvorak ne l'a pas déçue. Il se balade, discute avec les gens dans la rue, écoute leur musique et, à partir des sons de l'Amérique, de son folklore et de son langage, crée son chef-d'oeuvre, la 9ème symphonie dite "Du nouveau monde" qui fait sensation lors de sa première à New York...

Le séjour de Dvorak aux Etats-Unis donne naissance à neuf compositions et nous parlerons encore de deux d'entre-elles qui se classent, à juste titre, parmi ses plus célèbres. Dvorak et sa famille passaient leurs vacances dans le village de Spilwill, à Iowa, où résidait une forte communauté tchèque. Entouré de ses compatriotes, Dvorak se sentait heureux. Sur les rives d'une rivière locale, il a composé son joyeux Quatuor en fa majeur, opus 96, dit Américain. Dans sa dernière partition américaine, Antonin Dvorak exprime la nostalgie de la patrie. C'est aussi une sorte d'adieu à Josefina, sa belle-soeur et fidèle amie disparue. Son Concerto en si mineur est considéré comme l'une des plus belles compositions pour violoncelle de tous les temps...

A la fin de sa vie, Antonin Dvorak passe la plupart de son temps à Vysoka u Pribrami, en Bohême centrale, écrivant opéras et poèmes symphoniques. Un endroit de charme que vous pouvez visiter, à présent, avec Jarka Gissubelova.

Auteur: Magdalena Segertová
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