La Tchèque qui fait chanter Pierre Richard

Iva Frühlingova et Pierre Richard, photo: www.ivaf.cz

Entretien aujourd’hui avec la chanteuse tchèque Iva Frühlingova, à l’occasion de la sortie de son troisième album, Strip Twist. Un album réalisé à Paris, avec la plupart des titres en français et un invité de marque : un acteur français plutôt blond, avec une chaussure plutôt noire, mais qui ne chante pas comme une chèvre.

Photo: www.ivaf.cz
« Bonjour, je m’appelle Iva Frühlingova, j’ai 25 ans et je suis chanteuse »

Et si vous parlez aussi bien le français, c’est parce que vous avez vécu quelques années à Paris, où vous étiez mannequin...

« J’ai vécu huit ans à Paris, où j’étais mannequin au début mais ce n’est pas ce qui m’intéressait le plus. Ma vie, c’est la musique, ça fait longtemps que je chante. Et puis mon grand-père était français, il est né à Béthune. Je crois qu’il avait autour de 25 ans quand il est venu en Tchécoslovaquie. Il est tombé amoureux de ma grand-mère, ils se sont mariés et puis les frontières se sont fermées, enfin vous connaissez l’histoire. Donc après c’était un petit peu triste, il ne pouvait pas partir, il parlait de la France à tous ses proches. Pour moi, c’était comme un conte de fées quand il m’en parlait, donc je voulais voir Paris à tout prix. »

Vous venez de sortir un troisième album qui s’appelle « Strip twist », est-ce que vous êtes satisfaite du résultat ?

« Oui, vraiment. Je crois que c’est l’album le plus rythmé et le plus coloré. On entend qu’il y a une bonne ambiance, parce que j’ai fait ce disque à Paris avec un ami qui avait déjà travaillé sur mon premier album et qui s’appelle Jérôme Degey. Et quand vous travaillez avec des amis c’est toujours beaucoup plus facile, et je sais que ça se sent dans l’album. »

Vous êtes maintenant installée à Prague, pourquoi l’avoir fait à Paris cet album ?

« Parce que Jérôme, c’est un ami à moi. On a bu un café ensemble un jour à Paris et je lui ai dit que je ne savais pas qui allait faire mon troisième album. Il m’a dit : ‘Ben écoute, on va le faire ensemble.’ »

Le premier single s’appelle Waterbed, pourquoi avoir choisi ce titre ?

« Parce que je l’ai trouvé assez mignon et rigolo pour commencer... »

Pourquoi avoir la majorité des chansons en français ?

« En fait j’ai commencé la musique en France, donc naturellement j’ai commencé à chanter en Français. Et maintenant je ne peux pas m’en lasser, c’est dur... »

Il y a donc Jérôme Degey à la réalisation, et puis il y a d’autres collaborations, notamment avec un groupe belge, Hooverphonic.

« Oui, je les ai rencontrés une fois à Prague. Ils m’avaient proposé plusieurs chansons. J’aime bien ce groupe, j’étais contente qu’ils acceptent de travailler avec moi. Je les ai écoutées et j’en ai choisi une, Night reflection. »

Il y a un gros coup sur cet album, puisque vous avez réussi à faire un duo avec l’acteur français Pierre Richard, adulé ici, et les médias tchèques en parlent beaucoup.

« Oui, c’est un peu dommage... Je ne voulais pas faire un duo avec Pierre Richard pour qu’on parle que de lui sur cet album. C’est pour ça que je n’en ai pas fait un single et que j’ai fait la chanson vraiment pour que ce ne soit pas un single. Faire un duo avec lui c’était mon rêve à moi, c’était personnel, maintenant je trouve ça un petit peu dommage que les médias en fassent un peu trop. Mais bon, c’est normal... »

Pourquoi un rêve de chanter avec Pierre Richard ?

« Parce que je le trouve trop rigolo et trop mignon, et puis j’adore les films français, j’ai toujours tout regardé. Et lui, c’est un espèce de romantique, j’avais toujours rêvé le rencontrer... »

Comment se passe votre vie à Prague ? Aucune envie de retourner à Paris pour l’instant ?

« Si, si, j’ai toujours envie de retourner à Paris, j’y vais souvent, j’ai toujours des amis là-bas. Mais ça fait deux ans que je suis en Tchéquie et je me suis un peu habituée, donc je ne vais pas déménager tous les deux ans quand même. Pour l’instant je suis en République tchèque mais je ne sais pas ce que ma destinée me réserve. »

Dans quelques interviews, des journalistes tchèques vous demandent si ce n’était pas trop dur à Paris, parce que les Français accueilleraient avec difficulté les immigrés. Pourtant Paris est quand même beaucoup plus cosmopolite que Prague...

« C’est vrai... Mais je sais que les Français ont vraiment... enfin... sont nationalistes, vous savez comment ça se passe : c’est vrai que c’est un peu difficile d’être accepté, c’est un long chemin. Je crois qu’il faut vraiment bien parler français, comprendre toute la culture et les comprendre. Mais quand vous faites tout ça et que vous essayez de vous intégrer vraiment, je crois qu’ils vous accueillent plus facilement, après c’est normal, et j’ai des amis là-bas que je trouve géniaux. »

L’album est donc en français, avec deux chansons en tchèque quand même. Est-ce qu’il va sortir en France, est-ce que vous allez faire la promo en France ?

« Bon, quand j’ai commencé avec mon premier album en France c’est vrai que ça a commencé à vraiment bien marcher, mais après j’ai déménagé, j’ai un peu oublié et laissé tomber. Et c’est vrai que les Français oublient aussi. Avec ce troisième album, la maison de disque et un peu tout le monde me dit qu’il faut que j’aille à Paris pour faire la promo de cet album parce qu’il est bien. En vérité, je me suis vraiment habituée ici et je n’ai pas envie de bouger. Je sais que ce n’est pas bien et tous mes amis me disent ‘Sois pas bête, il faut vraiment que tu y ailles’, donc je vais le faire. Mais je vais le faire après la tournée en République tchèque qu’on va faire au printemps. »