« Le Bonheur dans 20 ans » projeté au centre tchèque de Paris

A la différence du documentaire de Godard et de son équipe, ce film d'Albert Knobler, réalisé en 1971, retrace avec des documents d'archives l'histoire de la Tchécoslovaquie depuis l'entrée des troupes soviétiques, acclamées par toute la population, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Dubcek.

Le film s'arrête avant l'arrivée des chars des troupes du Pacte de Varsovie dans Prague sous les huées d'une foule interloquée et terrorisée. Du coup de Prague au Printemps de Prague.

Le titre du film est emprunté aux pancartes ironiques de ce printemps de Prague : "1848: Le bonheur dans 20 ans", "1948: Le bonheur dans 20 ans", "2048: Le bonheur dans 20 ans".

La sortie du film en 1971 fut très controversée : même si Pierre Daix dans les Lettres Françaises, Jean Daniel dans le Nouvel Observateur et Raymond Aron dans le Figaro ont souligné la force et la beauté de ce film, l'ensemble de la presse et notamment le Monde ont taxé le film "d'anticommunisme primaire".

Nous aurons sûrement bientôt l'occasion de reparler plus en détail de ce film qui fut un échec à sa sortie. Déprimé, incompris, le réalisateur se suicida. Le film fut oublié, le négatif perdu. Miraculeusement en 2001, Françoise London, la fille d'Arthur et de Lise London retrouva une copie. Elle retrouva également un mixage de la version anglaise, commentée par Orson Welles.

Pour retracer cette vingtaine d'années, le réalisateur, qui fut l'assistant de Frédéric Rossif pour Mourir à Madrid a examiné en toute liberté 200.000 mètres de bandes d'actualités et de films de propagandes pendant le printemps 1968. Il a rapporté à Paris 25.000 mètres pour faire le montage du film. De son côté Kostas Papaioanou, professeur à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, réunissait les éléments sonores d'où sont tirés les textes des commentaires dits par Michel Bouquet.