United Flavour à la conquête de l’Europe

United Flavor, photo: Dan Prim, www.sety.cz

Composé de musiciens tchèques, d’une chanteuse espagnole et d’un bassiste ivoirien, la musique du groupe United Flavour est un mélange savoureux d’influences latino et africaines sur des rythmes reggae évidemment. Rencontre avec Jean-Michel Gogo, surnommé Djei, qui présente son groupe.

« Ce groupe c’est le deuxième projet que j’ai avec Carmen. Avant on avait un groupe de reggae où j’étais le chanteur principal. Ça s’est un peu mal passé avec le premier groupe Hermakoti. On a décidé de former un autre groupe où la musique serait plus étudiée et adaptée à sa voix, avec des couleurs espagnoles. C’est cela le principe de base et ça fait 4 ans qu’on tourne. »

Comment vous êtes-vous réunis avec les autres musiciens ?

« J’ai bossé sur quelques morceaux avec Carmen. Cela fait quand même 9 ans qu’on se connait. On avait pas mal de morceaux. Un jour on s’est dit qu’on était prêt et qu’il nous fallait un groupe. On a passé une annonce. On a rencontré le batteur qui a amené les autres musiciens et ainsi de suite. »

Comment se passe la communication entre les différents membres du groupe. Vous parlez en tchèque, en anglais, en espagnol ?

« On parle tous un peu anglais. Chacun parle ‘son’ anglais donc ça va. Je parle un peu le tchèque aussi, Carmen parle tchèque. Si vraiment on a besoin d’exprimer des choses en tchèque, on peut le faire, ce n’est pas un problème. Sinon en général on parle anglais. »

Qui compose, qui écrit les textes ? Vous travaillez à plusieurs, ou vous faites chacun de votre côté et vous vous réunissez ensuite ?

« A ma grande surprise, c’est un groupe qui est très organisé. C’est un groupe qui est plein de talents. Sur le plan musical, disons que Carmen et moi écrivons les morceaux. On amène au groupe le morceau et la mélodie et chacun amène sa part. C’est comme celà qu’on procède parce que si tu as des musiciens de qualité, comme ceux qu’on a, ce serait dommage de ne pas les utiliser. Plus il y a de « flavour », mieux c’est. »

D’ailleurs, d’où vient le nom de groupe ?

« Le nom du groupe, ça s’est fait tout seul parce que justement, on s’est dit avec Carmen qu’il fallait vraiment que l’on fasse une musique qui représente notre culture. De nos jours, on est fait un peu de tout. Tout le monde est fait d’un peu de tout. Il y en a qui sont fait de français, d’espagnol etc...Moi je suis d’origine africaine, mais j’ai écouté du Cindy Lauper, j’ai grandi avec AC/DC, et ainsi de suite...On voulait donc faire une musique qui réunit toutes ces influences. C’est pour cela que l’on s’est dit qu’on allait s’appeler United Flavour. Ce sont tous les styles, mélangés, pour faire non pas un style, mais un style qui représente tous les autres styles. »

United Flavour existe donc depuis 4 ans. Le groupe s’est produit sur presque toutes les scènes tchèques à travers le pays. Ils ont collaboré avec de nombreux groupes étrangers, et notamment avec les parisiens Big Family. Le tube « Revolution » est resté plusieurs semaines dans les « charts » et a été repris par d’autres groupes tchèques et même étrangers. Cette année, United Flavour aimerait s’exporter au delà des frontières tchèques. Djei nous explique quelles en sont les raisons.

« L’année dernière on a pas mal tourné parce que le CD venait de sortir et il fallait faire la promotion. Mais cette année on veut changer de stratégie pour ne pas trop saturer les gens sur la République tchèque. On a donc décidé de plutôt jouer à l’étranger. S’introduire dans un marché étranger n’est pas facile non plus donc cette année on ne va pas trop jouer. Mais c’est choisi. C’est pour ne pas saturer la République tchèque parce que c’est un petit pays. On s’est rendu compte l’année dernière, parce qu’on passait de festival en festival, que les gens nous suivait. Il y a des gens qui nous ont vu cinq-six fois, même sept fois, en 2 mois : c’est trop. Ça sature les gens donc on s’est dit qu’on allait se calmer un petit peu. »

Si les gens vous suivent, cela veut dire qu’ils vous aiment bien, n’est-ce pas ?

« Oui, c’est vrai mais en même temps c’est un équilibre entre ce que les gens attendent de toi parce qu’il faut aussi avoir le temps de leur donner un programme qui est toujours nouveau et attirant. Quand tu joues souvent, tu n’as pas le temps d’aller en répétition pour amener de nouvelles choses. Il faut aussi qu’on pense au prochain album. Il faut qu’on commence à écrire des nouveaux morceaux. C’est la raison pour laquelle on va se calmer cette année. »

Le 1er mai dernier, le groupe a participé à un concours international à Vienne. Arrivé en deuxième position, ils ont gagné des journées d’enregistrement en studio et des séances de photos. Pourtant, nous a confié Jean-Michel, ces prix vont probablement être utilisés pour d’autres groupes. En effet, United Flavour désire aider d’autres groupes de reggae tchèque. Jean-Michel Gogo :

« Dans notre propre intérêt, on est obligé d’encourager les artistes qui font la même musique que nous, tout simplement parce que dans toute chose il y a besoin d’une compétition. Et il faut une compétition positive. Pour que la scène reggae et musiques R’n’B et Hip-Hop se développe, on est obligé d’avoir d’autres artistes qui s’expriment sur la scène tchèque. Sinon la scène s’appauvrit et ça ne fait du bien à personne. On essaye donc beaucoup de soutenir des petits artistes et les groupes qui débutent. Pour l’instant, on a essayé de se mettre dans une position où on peut aider les autres. Ça commence à le faire donc on va commencer petit à petit à introduire d’autres artistes sur le marché, ou du moins les aider si on peut. »