La pauvreté en République tchèque, un sujet à débat

Photo: Commission européenne

La République tchèque est traditionnellement bien placée dans deux types de classements européens : les économètres affichent à la fois une proportion basse des personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté, ainsi que des inégalités sociales parmi les moins développées en Europe. L’analyste et chercheur au Centre d’études des politiques européennes à Bruxelles, Aleš Chmelař propose pour Radio Prague une autre interprétation de ces données plutôt flatteurs.

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« A mon avis, il faut torturer les chiffres pour découvrir leur portée réelle » explique Aleš Chmelař. Il poursuit : « Si selon les économètres le niveau des inégalités n’est pas alarmant en République tchèque, on se rend compte que le coefficient de Gini, qui nous est favorable, n’est pas la seule méthode possible pour mesurer les inégalités. » Selon le coefficient, de Gini qui mesure la distribution des revenus au sein d’une population, la société tchèque se trouve parmi les cinq sociétés les plus « égales », avec la Slovénie ou la Suède. Aleš Chmelař nuance toutefois :

« En revanche, si nous regardons les revenus de certains groupes, les disparités deviennent dramatiques. Par exemple en ce qui concerne la proportion du revenu médian par rapport aux revenus du segment de la population la plus aisée, la République tchèque se retrouve sur la 22e place sur les 28. » Cela veut dire que les disparités entre la classe moyenne et la classe la plus aisée sont plus grandes en République tchèque que dans la majorité des autres Etats membres de l’Union européenne.

La seconde mesure, qui est plutôt favorable à la République tchèque, concerne la basse proportion de la population vivant sous le seuil de la pauvreté, qui représente 60% du revenu médian. Aleš Clmelař : « Selon le classement de EU-SILK 2013 (Statistiques européennes sur le revenu et les conditions de vie, nldr) nous sommes les meilleurs en Europe. En dépit de ces données, la population tchèque a une forte perception des inégalités et de la pauvreté laquelle se traduit par une frustration que les classements ne reflètent pas. »

Pour Aleš Chmelař, le bon classement de la République tchèque masque le fait qu’une partie significative de la classe moyenne se trouve très proche du seuil de pauvreté. Il conclut que la République tchèque se situe bien haut dans les différents classements au prix d’une certaine pauvreté de la classe moyenne.