La Semaine de l’éco

Photo: ČT24

L’essentiel de l’actualité économique en République tchèque durant la semaine écoulée.

La société Česká zbrojovka et ses contrats d’armement en Egypte

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Le secteur de l’armement ne connaît pas la crise. La société Česká zbrojovka, l’un des plus importants fabricants d’armes de République tchèque, l’illustre bien avec la nouvelle commande qu’elle a remportée auprès du ministère de l’Intérieur égyptien, portant potentiellement sur 80 000 pistolets. Cependant, l’Allemagne s’oppose à cette exportation vers un pays où la situation politique est toujours aussi complexe et bloque donc le transit de ces armes sur son territoire.

Déjà en 2013, l’entreprise Česká zbrojovka a remporté un appel d’offres du même ministère de l’Intérieur égyptien portant sur la livraison de 50 000 pistolets CZ P-07 et de centaines de pistolets mitrailleurs pour équiper la police du pays. Suite à un coup d’Etat de l’armée égyptienne en août dernier, l'organisation non-gouvernementale Amnesty International appelait tous les gouvernements à suspendre leurs exportations d'armes à destination de l'Egypte. La branche tchèque de l’ONG déclarait d’ailleurs, par la voix de sa porte-parole,Martina Pařízková, que des pistolets tchèques avaient pu servir à tuer des manifestants. On apprenait également que la République tchèque était l’un des onze pays à livrer des armes à l’Etat égyptien. Česká zbrojovka a accepté d’interrompre ses fournitures en armes, ce qui ne l’a pas empêché d’honorer son contrat par la suite.

Aussi, le quotidien E15 révèle ce lundi que l’entreprise aurait reçu il y a quelques jours une nouvelle commande à destination de l’Egypte pour un montant de plusieurs centaines de millions de couronnes. Directeur général de Česká zbrojovka, Lubomír Kovařík annonce effectivement la livraison de 29 000 pistolets CZ P-07 d’ici octobre et ajoute que le ministère de l’Intérieur égyptien a également manifesté un intérêt pour 50 000 unités supplémentaires de cette même arme.

Une nouvelle livraison qui est cependant rendue compliquée par les pays voisins de la République tchèque, puisque la Pologne, l’Autriche et l’Allemagne voient d’un mauvais œil le transit de ces armes sur leur sol. Le transfert de ces pistolets, par voie de mer, de terre, ou par les airs, nécessite en effet l’accord des pays traversés. Les Allemands surtout, qui ont eux-mêmes pris la décision de limiter leurs exportations d’armes à destination de l’Egypte, rechignent à donner cette autorisation aux Tchèques, qui considèrent eux, qu’il s’agit d’une limitation de leur souveraineté.

En République tchèque, l’Association de l’armement et de la sécurité et le ministère de l’Industrie ont donc décidé d’envoyer une lettre à la Commission européenne pour que celle-ci se penche sur la question. Le commissaire européen aux Industries et à l’Entreprenariat Antonio Tajani a répondu qu’une nouvelle réglementation ne sera pas entérinée avant 2016. Pour Jiří Hynek, de l’Association tchèque de l’armement, l’heure presse pourtant alors que les réticences des pays voisins de la République tchèque lui aurait déjà faire perdre plusieurs contrats.

La police enquête sur le financement des exportations tchèques vers la Russie

Des enquêtes policières concernant les investissements tchèques en Russie sont en cours. L’hebdomadaire Respekt a analysé, en ce mois de février, cette affaire relative aux aides aux exportations tchèques, surtout vers la Russie, mais aussi vers les pays du Caucase ou de l’Afrique du Nord. Des contrats d’une valeur de 11 milliards de couronnes (407 millions d’euros) se sont avérés suspects.

La Banque d'exportation tchèque (ČEB) et la Société de garantie et d’assurance d’exportation (EGAP) ont pour vocation d’aider les entreprises tchèques à exporter dans les pays où l’investissement s’avère risqué, notamment du fait de l’instabilité politique ou juridique. Si la police anti-corruption n’a procédé à une perquisition au sein des sièges de ces deux institutions publiques qu’au mois de janvier 2014, les doutes liés à leur bon fonctionnement existent depuis au moins deux ans. En effet, en 2012, un rapport de l’Office suprême de contrôle tchèque (NKÚ) a révélé des manquements dans neuf dossiers de la Banque d'exportation tchèque (ČEB). Selon les conclusions de ce rapport, plusieurs milliards de couronnes ont été versés dans des investissements douteux, dans le mesure où ils ne remplissaient pas les conditions requises.

Néanmoins, l’Office suprême de contrôle n’a pas saisi la justice au sujet des activités de la ČEB et d’EGAP. C’était la sénatrice Alena Dernerová (sans affiliation partisane) qui a contacté la police en se basant sur le rapport de NKÚ. La police a lancé une enquête au milieu de l’année 2013 et a récemment procédé à la confiscation de documents relatifs aux dossiers liés à l’investigation.

Selon l’hebdomadaire Respekt, dans trois cas de figure, l’argent destiné à l’investissement a été versé sans que le contrat de crédit contienne des clauses approuvées par le comité d’administration. Dans quatre autres cas, la transaction s’est faite sans que la banque vérifie la validité des garanties. La plupart des dossiers, faisant objet d’investigation policière, concernent les exportations vers la Russie, et plus particulièrement, l’industrie du verre. Par ailleurs, dans une affaire impliquant des entreprises russes, Kompania Progress et Omsksteklotara, la Société de garantie et d’assurance d’exportation (EGAP) a déjà refusé de payer l’assurance pour des investissements perdus et cela à cause de manquements dans les contrats.

L’investigation policière devrait donc éclaircir d’avantage les manquements dans les contrats ainsi que les conséquences que ces deniers ont pu avoir sur les rendements des investissements.

Spécialisé dans la fabrication de gramophones, SEV Litovel veut augmenter sa production de 25% en 2014

Premier fabricant de gramophones au monde, SEV Litovel entend augmenter cette année sa production de 25% pour un total record de 90 000 à 100 000 appareils. La société tchèque, située en Moravie à environ 200 kilomètres à l’est de Prague, profite d’une demande de plus en plus forte sur les marchés étrangers et de la production de nouveaux modèles de gramophones meilleur marché.

Les affaires marchent bien pour SEV Litovel : avec 79 000 gramophones, la société avait déjà augmenté sa production de 46% en 2013. L’essentiel de celle-ci est destiné à l’étranger, notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux Etats-Unis, mais aussi en France. A l’automne dernier, SEV Litovel a lancé la production de modèles moins onéreux de ses gramophones. Pas moins de 8 000 modèles avaient déjà été écoulés avant la fin de l’année, a indiqué ce mercredi son directeur Jiří Mencl. Celui-ci prévoit également une augmentation de sa fabrication de gramophones plus onéreux de qualité hi-fi. Leur prix de vente dans les magasins s’élève jusqu’à 7 500 euros pour certains de ces modèles.

Selon Jiří Mencl, plusieurs dizaines de millions de gramophones sont produits dans le monde chaque année, les sociétés spécialisées dans cette activité surfant sur « une vague rétro » marquée par un retour des amateurs de musique au gramophone et au disque vinyle. Toutefois, la plupart de ces gramophones sont des modèles peu chers produits essentiellement en Chine. C’est pour faire face à cette concurrence que SEV Litovel, qui a réalisé un chiffre d’affaires de près de 9,4 millions d’euros en 2013 (+ 30% par rapport à 2012), a décidé de se lancer dans la fabrication de nouveaux modèles plus accessibles financièrement, mais toujours de meilleure qualité que les chinois. A titre de comparaison, tandis que les gramophones chinois se vendent à un prix allant de 80 à 90 euros, le tchèque, lui, est proposé à 130 euros.

La production de SEV Litovel, qui emploie actuellement 290 personnes (soit 50 de plus qu’à la fin de l’année 2012), augmente régulièrement ces dernières années. De 30 000 entre 2002 et 2009, elle est passée à 79 000 en 2013. La très grande majorité étant destinée à l’étranger, les gramophones sont vendus dans plus de soixante pays du monde, par l’intermédiaire de la société autrichienne Audio Systems sous la marque Pro-Ject.

Estimations de production record pour Škoda Transportation pour 2014

La Société tchèque Škoda Transportation annonce une année de production record. La direction de la compagnie a confirmé que le chiffre de production prend en compte les contrats à la fin de l’année dernière. Une partie de la production est notamment destinée à l’exportation.

Cette année, la société compte produire 115 tramways et plus de 300 trolleybus. L’année dernière, la société originaire de la ville de Plzeň a fourni près de 34 trams sur le marché. La direction de Škoda Transportation va jusqu’à parler de révolution dans le cadre de la production sur cette année.

Afin de réaliser son plan de production, l’entreprise prévoit d’embaucher 500 personnes au printemps 2014. Néanmoins, le marché du travail fait face à une pénurie de travailleurs qualifiés dans la fabrication de machines ; une situation confirmée par les bureaux de travail. La société Škoda Transportation a principalement besoin de soudeurs, de monteurs, d’électriciens, de serruriers, d’ingénieurs, de concepteurs et de dessinateurs. La branche principale de la société Škoda Transportation compte embaucher 300 personnes, Škoda Electric une centaine, de même que la branche Škoda Vagonka.

Selon la direction de l’entreprise, la société a conclu des contrats jusqu’en 2015, et ce pour la somme de 35 milliards de couronnes, soit près d’1,3 milliards d’euros. Les recettes de la société devraient s’élever à plus de 18 milliards de couronnes, soit près de 666 millions d’euros. L’année dernière, la société a passé des contrats pour la somme de 22 milliards de couronnes (815 millions d’euros), dont 21 milliards (777 millions d’euros) étaient destinés à l’exportation. Dans le cas où Škoda Transportation acquiert de nouveaux contrats, elle les réalisera à l’aide de sous-traitants.

Des 115 tramways susmentionnés, la plupart d’entre eux sont destinés à l’exportation à l’étranger, par exemple, à destination de la ville turque Konya ou celle de Miskolc en Hongrie. D’autres prototypes desserviront les rues de Bratislava, la capitale slovaque, et des dizaines d’autres les rues de Prague. Škoda Transportation compte également produire six trains électriques pour la Deutsche Bahn, ainsi qu’un prototype pour la société chinoise CSR Sifang, avec laquelle elle a passé un contrat pour 400 tramways For City. La branche Škoda Vagonka se lancera dans la fabrication de 671 doubledeckers et de sept trains électriques RegioPanter pour la région de Moravie du Sud.

Cette année, Škoda Electric a passé des contrats pour la fourniture de trolleybus d’une valeur de plus de cinq milliards de couronnes (environ 185 millions d’euros), et ce à destination de Sofia et Burgas en Bulgarie, et de la Slovaquie. 65% de la production totale de nouveaux produits par SE est destinée à l’exportation.

La République tchèque reste attirante pour les investisseurs étrangers

Les entreprises continuent de vouloir investir en République tchèque. C’est ce que confirment les données relatives aux investissements directs pour l’année dernière. Selon l’agence CzechInvest, leur volume total s’est élevé à 48 milliards de couronnes (1,78 milliard d’euros) en 2013, soit deux fois plus qu’en 2012.

L’ensemble de ces investissements ont permis la création, directe ou indirecte, de plus de 10 500 nouveaux emplois. Les investissements les plus importants sont provenus de l’Allemagne voisine, avec treize projets d’un montant global de près de 6 milliards de couronnes (222 millions d’euros). Derrière les Allemands, les Suisses (85 millions d’euros d’investissements en République tchèque) et les Américains se sont également montrés très entreprenants. Les incitations à l’investissement ont également grandement contribué à l’activité des investisseurs en République tchèque, même si les Tchèques et les filiales tchèques des entreprises étrangères ont été plus actifs.

Le plus grand investissement a toutefois été annoncé par la société danoise Fibertex Nonwovens, qui prévoit d’étendre sa production de textiles non tissés et de matériaux textiles à Svitavy, dans la région de Pardubice (Bohême de l’Est). L’investissement de 2,6 milliards de couronnes (96 millions d’euros) permettra la création de 45 emplois.

A Paskov, dans la région de Moravie-Silésie (est du pays), la société Biocel Paskov entend, elle, investir près de 2,5 milliards d’euros (92,5 millions d’euros) dans la technologie servant à la production de viscose (soie artificielle à base de cellulose).

A Otrokovice, dans la région de Zlín (Moravie, sud-est du pays), Continetal Barum, société spécialisée dans la fabrication de pneus, va investir la même somme et devrait employer près de 300 personnes dans un proche avenir.

Plus généralement, les régions de Moravie-Silésie (9,7 milliards de couronnes d’investissements), de Pardubice et de Bohême centrale sont celles profitant des investissements les plus importants en termes de volume dans le pays.