Le chômage des jeunes en République tchèque

Photo: Commission européenne

Le chômage des jeunes est un véritable défi pour les pays de l'Union Européenne. Les récentes manifestations en France contre le CPE, le Contrat Première Embauche, l'ont montré avec flamboyance ! En République tchèque également, le taux de chômage des 18-29 ans préoccupe de plus en plus l'opinion publique.

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De nombreux jeunes Tchèques sont touchés par le problème du chômage. Comme ailleurs en Europe. Et comme ailleurs en Europe, beaucoup n'ont pas nécessairement le profile du chômeur. Eduqués et pour certains diplômés, ils ne parviennent pas à trouver du travail.

Selon les dernières statistiques publiées par Eurostat, le taux de chômage est de 8,3 % en République tchèque. Il faut bien sûr garder à l'esprit la disparité des chiffres à l'échelle du pays. Ainsi à Prague, le taux de chômage est d'environ 2%. Dans certaines régions du nord, il atteint 20 % de la population.

Certains analystes pointent du doigt l'enseignement à l'Université, qui ne serait pas adapté à l'évolution rapide du marché du travail. Pour eux, l'enseignement devrait être réformé afin de répondre aux besoins concrets des entreprises. Ils ajoutent que les universités tchèques produisent des diplômés en droit et en économie en grand nombre, alors que les meilleurs emplois se trouvent du côté des nouvelles technologies de l'information. Certaines agences de recrutement sont d'ailleurs spécialisées dans ce domaine, signe de nouvelles tendances.

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Notons que les mêmes carences sont dénoncées en France à propos du système universitaire. Seule différence : en République tchèque, les étudiants n'ont pas vraiment de problème pour trouver du travail. Problème : ils ne représentent qu'une infime minorité de la jeunesse tchèque. La solution n'est-elle donc pas à chercher du côté du système d'admission. Rappelons que l'entrée à l'université fait l'objet d'un concours ultra-sélectif. En outre, l'absence de passerelles entre les disciplines aboutit à un manque de flexibilité. Les choix professionnels de l'étudiant s'en trouvent réduits.

Les nouvelles technologies n'en sont pas pour autant, loin s'en faut, la seule perspective d'emploi pour les jeunes ! Les étudiants en langue, par exemple, auront de plus en plus d'opportunités de travail. Les cours de langue connaissent, en effet, un véritable boom. Les entreprises exigent de plus en plus de leurs employés la maîtrise d'une ou plusieurs langues étrangères. Une véritable aubaine pour le secteur de l'enseignement des langues ! On compte actuellement pas moins de 100 écoles de langues et 70 agences de traduction en République tchèque. Une anecdote montre bien l'importance de l'anglais pour l'économie du pays : après avoir reçu de nombreuses plaintes de touristes anglais, l'Ambassade de Grande-Bretagne à Prague a décidé, l'année dernière, d'investir 10 000 euros dans des cours d'anglais pour des policiers.

Si l'anglais reste la première langue exigée par les entreprises, les besoins sont également important pour les langues scandinaves, allemande ou française. L'agence Channel Crossing a vu ainsi sa demande pour les cours de français augmenter de 50 %, l'année dernière !

Restent quelques problèmes plus ardus à résoudre. Combinés au salaires, les prix des loyers dans la capitale s'avérèrent ainsi un obstacle à la mobilité géographique et donc à l'emploi. Certains jeunes vivant en Bohême et en Moravie peuvent refuser des offres intéressantes pour cette raison. Le taux de chômage est plus élevé parmi les personnes n'ayant pas un degré d'étude universitaire. Pas nécessairement parce qu'ils ne trouvent pas de travail. Mais les salaires qu'on leur propose ne sont pas plus élevés que les aides sociales auxquelles ils ont droit. La solution ne passe sûrement pas par une remise en cause de celles-ci. Comparées à la France et proportionnellement, les allocations chômage sont moins élevées en République tchèque.

Partout en Europe, on assiste actuellement à une grande vague de réformes sur le chômage. Et cette préoccupation est nettement orientée vers la jeunesse. Dans un rapport du 24 mars dernier, la Commission européenne a affirmé que la baisse du chômage des jeunes constituait une priorité absolue. Pour l'ancien ministre du Commerce et de l'Industrie, Vladimir Dlouhy, c'est le principal défi que doit affronter l'UE aujourd'hui. On compte en République tchèque environ 1,7 millions de chômeurs parmi les 18-29 ans, soit presque un cinquième du corps électoral. Malgré l'enjeu qu'ils représentent, ils ne semblent pas vraiment ciblés par les grands partis à l'approche des élections législatives, en juin.

Le gouvernement tchèque commence, néanmoins, à s'atteler à la tâche. La nouvelle loi sur l'emploi encourage les jeunes de moins de 30 ans à collaborer activement avec les agences d'emploi. Le ministère du Travail et des Affaires sociales a développé un programme dit de "première chance", destiné à aider les jeunes diplômés à construire des stratégies d'emploi. Une politique a priori efficace si l'on en croit les chiffres du gouvernement : le taux de chômage des jeunes aurait baissé de 1,9 % l'année dernière.