Les collectivités locales seules face à l’épineux problème du logement social

Photo: Archives de la maire de la ville de Plzeň

Le programme « Logement d’abord » (Housing first) a été lancé dans les années 1990 aux Etats-Unis pour permettre aux sans-abris de retrouver un logement stable. Ce programme a fait des émules en Europe, notamment en République tchèque, où plusieurs villes tentent de lutter contre la misère malgré l’absence d’une politique de logement social au plan national.

Photo: Archives de la maire de la ville de Plzeň
C’est à Brno, deuxième ville de République tchèque, qu’ont été relogées les premières personnes en 2014 grâce au programme Logement d’abord, qui permet aux plus démunis de louer leur propre appartement et d’être accompagnés dans toutes les démarches nécessaires à la réinsertion.

Cinq ans après, une dizaine de villes, dont Trutnov, Hodonín, Jeseník, České Budějovice ou Jihlava, ont l’ambition de copier ce modèle, et de le financer grâce aux six millions d’euros de subventions européennes débloquées par le ministère tchèque des Affaires sociales. L’argent peut être alloué aux communes ou à des organisations caritatives, pour rémunérer les travailleurs sociaux.

Le problème est que, même à Brno, le programme est aujourd’hui contesté malgré son succès. Un succès trop relatif pour certains conseillers municipaux, qui dénoncent les loyers impayés et les autres dettes accumulées par les habitants relogés dans des appartements mis à leur disposition.

Les ONG qui aident les familles sur le terrain mettent quant à elles en avant le fait que ce programme permette d’économiser de l’argent public, notamment dans le secteur de la santé ou même parce que les enfants peuvent rester avec leur famille et n’ont pas à être pris en charge par une institution.

Les débats du conseil municipal de Brno cette semaine sont en tout cas révélateurs des problèmes majeurs auxquels sont confrontées les collectivités locales à cause de l’absence d’une législation sur le logement social en Tchéquie.

Cela devient d’autant plus problématique que, parallèlement, se sont formées ce que l’administration appelle des zones d’exclusion sociale, en fait de véritables ghettos, sur tout le territoire tchèque. Les exclus - des familles roms mais pas seulement - se retrouvent dans des taudis qui profitent à des marchands de sommeil grâce aux aides de l’Etat.

L’économie tchèque se porte pourtant bien, avec très peu de chômage, mais les solutions politiques au niveau national pour enrayer la mécanique du surendettement et de l’exclusion tardent à venir.

« Le gouvernement avait promis une loi sur le logement social dans son programme, avant que le Premier ministre annonce en septembre qu’une telle loi n’était pas nécessaire », regrette Vít Lesák, le directeur de la Plateforme pour le logement social.

Et l’augmentation constante du prix des loyers, à Prague et dans les autres villes du pays, risque d’aggraver un problème déjà sérieux en Tchéquie.