Les investissements japonais en Tchéquie

Certains journaux, en parlant des investissements japonais en Tchéquie, parlent d'"invasion". Plus conséquents par leur investissements, les Japonais, en bons asiatiques, se font plutôt discrets. Qu'en est-il de cette présence du Soleil levant. C'est ce dont nous allons parler dans les minutes qui suivent.

"Quand la machine s'arrête, on appelle Tokyo ou Osaka à l'aide" dit un technicien des usines japonaises fraîchement installées en Tchéquie. Les Japonais ne savent pas improviser et là où des mains habiles tchèques se proposent en aide, la discipline japonaise ne suit pas. On attend les directives de la direction centrale. D'un côté, le Tchèque, bricoleur de nature, de l'autre le Japonais, discipliné de nature. Ce qui n'empêche pas un grand intérêt japonais pour la République tchèque. Avec leurs investissements dans de nouvelles unités de production, les Japonais occupent la seconde place, juste après les Allemandes qui dominent. Sur 100 dollars investis en Tchéquie, vingt proviennent du Japon. Le prix des investissements en Tchéquie ne représente que le un cinquième de ce qu'il serait au Japon. Quand, il y a six ans, Matsushita, en tant que premier grand investisseur, a inauguré sa fabrication dans la nouvelle usine de téléviseurs à Plzen, les Japonais représentaient en Tchéquie un groupe modeste. Mais les derniers mois ont tout changé. Le plus grand événement de l'an dernier, en matière d'investissements japonais, est sans doute la nouvelle usine de Citroën-Toyota, 50 milliards de couronnes, à Kolin (Bohême de l'Est). A cette initiative japonais en Tchéquie, il y a plusieurs raisons. La Hongrie, jusqu'à récemment le favori centre-européen des investisseurs étrangers, n'a plus assez de place pour les nouvelles usines. « Et, en Pologne, l'administration n'a pas une attitude aussi favorable » ajoute Hiroshi Edagawa, le chef de l'usine de textile Toray, de Prostejov, qui a été parmi les premiers grands investisseurs japonais. Les Japonais tiennent aussi beaucoup compte des références et des expériences antécédentes, beaucoup plus qu'il n'en est d'habitude chez des investisseurs d'Europe occidentale et d'Amérique. Et le succès de Matsushita de Plzen qui, par rapport au projet initial, s'est agrandie trois fois, a attiré d'autres firmes. « Elle est parmi les plus grandes firmes japonaises, et c'est ce qui a eu beaucoup d'influence. Quand elle décide d'investir quelque part, c'est comme une invitation aux autres entreprises de la suivre » pense Josef Lébl de Czechinvest. Frantisek Nekola de l'usine de Plzen confirme ses dires. Nous avons reçu une vingtaine de délégations d'investisseurs japonais. Les représentants ont discuté avec nos chefs et visité l'usine. Et la plupart d'entre eux a investi en Tchéquie », ajoute-t-il.

Les spécialistes des investissements en Tchéquie pensent que l'effet Toyota sera encore plus fort. Déjà, l'expérience montre, selon eux, qu'un mois après la décision finale d'implantation de l'uisne à Kolin, d'autres investissements japonais sont arrivés. La firme Tokai Rika a décidé d'investir d'autres 3 milliards de couronnes dans une nouvelle usine à Lovosice, qui va fabriquer les interrupteurs pour automobiles.

Les Japonais apprécient chez les Tchèques les facilités consenties aux investisseurs, c'est-à-dire qu'ils peuvent importer de nouvelles technologies sans payer les droits de douane et bénéficient de toute une série d'exonérations d'impôt. Ils sont aussi attirés par la main d''uvre bon marché. Et c'est là qu'il y a le hic : la Tchéquie pour le moment ne fonctionne pour les investisseurs japonais comme un pays ou leurs produits sont assemblés à bas prix. Penser aux investissements dans la recherche et le développement c'est pour le moment une musique d'avenir, contrairement à la Hongrie voisine. Mais même dans ce domaine, l'éclaircie commence à paraître. Matsushita de Plzen a déjà un centre de développement, et, récemment il a décidé de développer à Plzen le software pour les téléviseurs numériques. La société Showa, qui, depuis 4 ans fabrique à Kladno les condensateurs pour les automobiles, pense également selon son chef Tetsuo Shibata faire de la recherche. De tels projets apportent la plus grande valeur ajoutée et donnent le travail aux ingénieurs. Quand les employés nationaux doivent dire comment on travaille pour les Japonais, ils répondent en général : une discipline rigoureuse règne, on exige une application au travail maximum et les propres idées des employés ou des « améliorations » ne sont pas admises.

Le problème se pose quand une complication surgit. Les Japonais ne savent absolument pas improviser, ils attendent strictement les instructions de leurs supérieurs et souvent un temps précieux est perdu. « Chez une firme autre que japonaise j'utiliserai à peine la moitié des connaissances acquises chez mon employeur » dit un manager tchèque, qui, chez une des grandes firmes japonaises installées en Tchéquie, est arrivée au plus haut poste réservé aux employés locaux. Par contre, les Japonais se plaignent des Tchèques. Ils disent qu'ils ont une mauvaise morale de travail. « Les gens obtiennent facilement un certificat médical et leurs maladies deviennent en quelque sorte des vacances. Ils restent, par exemple, une à deux semaines à la maison avec une grippe, ce qui n'est pas pour nous habituel » dit Hiroshi Edagawa de Toray. La société a trouvé une solution pour les conditions tchèques. « Nous payons des suppléments à ceux qui ne sont pas malades. Actuellement ils travaillent à 94 % de rendement, avant les absences étaient de 10% supérieures » ajoute Edagawa.

Auteur: Omar Mounir
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