A Tábor, une « Queer Pride Parade » sans incident

'Queer Pride Parade' à Tábor, photo: CTK

Samedi dernier la « Queer Pride Parade » se déroulait à Tábor, en Bohême du Sud. Sous protection policière, les participants ont d’abord défilé dans la ville avant de participer à un festival autour des identités sexuelles.

'Queer Pride Parade' à Tábor,  photo: CTK
Slogans humoristiques, ambiance festive et drapeaux arc en ciel : le centre historique de Tábor accueillait samedi des visiteurs un peu différents des touristes habituels. Pour la « Queer Pride Parade » entre 400 et 500 manifestants ont en effet défilé dans la ville hussite, accompagnés par un nombre conséquent de journalistes et de policiers.

Après les événements survenus l’année dernière à Brno, où la première « Lesbienne et gay pride » tchèque avait été interrompue par 150 extrémistes de droite, la manifestation de cette année était sous haute surveillance : les organisateurs avaient eux-mêmes prévus un important service d’ordre et la police était présente en masse sur les lieux. Mais, malgré la présence de membres du parti d’extrême-droite « le Parti des travailleurs », la marche à travers Tábor et le festival qui ont suivi se sont déroulés sans incident.

Plutôt qu’une « parade gay », les organisateurs, des associations tchèques et militants d’origines diverses, avaient choisi d’organiser une « parade queer ». Queer est un mot anglais qu’on peut traduire par « bizarre » : à l’origine une insulte, le mot a été réapproprié par de nombreux militants à partir des années 80. Solène fait partie de l’équipe organisatrice, elle présente ce terme :

'Queer Pride Parade' à Tábor,  photo: CTK
« En quoi « queer » c’est différent de « gay » ? Ce n’est pas juste un terme qui englobe gay, lesbien ou GLBT. C’est plus que ça, non seulement parce que ça englobe des gens qui ne reconnaissent pas dans ces termes - parce que GLBT, c’est « gay, lesbien, bi, trans ». Il y a aussi les gens qui sont intersexe, les gens qui ont pas envie de se définir, qui font du BSDM, qui ont une identité sexuelle fluide, qui ont une identité de genre autre que fille ou garçons ou transsexuels, c’est plus large que ça. En fait, « queer »au début, c’est une insulte, c’est « pédé » en anglais. Ca a été réapproprié par les « pédés », comme « nègre » pour les noirs. Et c’est pour dire qu’on est des gens bizarres, que vous nous trouvez bizarres, mais on est comme ça et on n’a pas honte. Moi j’ai envie qu’on ne définisse plus les gens en fonction de leur genre, j’ai envie d’être une personne avant d’être une femme, j’ai envie qu’on parle de personne à personne avant de parler de garçon à fille. Donc du coup, évidemment, si les gens sont que des personnes, quand je tombe amoureuse, je tombe amoureuse d’une personne. Donc oui, c’est remettre en question d’abord l’identité de genre et le système binaire filles d’un côté, garçons de l’autre, et ensuite remettre en question les frontières de la sexualité. »

Au programme de cette journée « queer », la marche bien sûr, mais aussi un festival centré sur les identités sexuelles : concerts, ateliers de réflexion et de discussion ou encore projets de films se sont déroulés tout l’après-midi au Cesta, centre culturel de Tábor.