Amadis de Gaule, un opéra ressuscité

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C’est la dernière œuvre lyrique de Johann Christian Bach, « Amadis de Gaule » créé en 1779 qui est présenté ce mercredi à l’Opéra d’Etat de Prague. Les Instituts français de Prague et de Bratislava se sont associés avec le Palazetto Bru Zane – Centre de musique romantique française pour ressusciter cet opéra en français, c’est-à-dire dans sa langue originale avec des solistes français et tchèques et avec deux ensembles jouant sur des instruments anciens, Musica Florea et Solamente Naturali. L’opéra est dirigé par Didier Talpin. Parmi les solistes français il y a la soprano Hjördis Thébault et le baryton Pierre-Yves Pruvot. Ils ont présenté cette production au micro de Václav Richter.

Pierre-Yves Pruvot,  photo: Philippe Grunchec
Est-ce un opéra qui est joué de temps en temps ou c’est vraiment un événement exceptionnel auquel nous avons la chance d’assister ?

Pierre-Yves Pruvot : « C’est assez exceptionnel. C’est un opéra qui n’est pas encore beaucoup joué. Il a été rejoué pour la première fois en 1979 pour le bicentenaire de l’œuvre. Il a été donné à l’époque à la Radio française. Il y a eu quelques productions depuis, notamment aux Pays Bas et tout récemment, je crois, c’était à Mannheim. Par contre l’année prochaine l’œuvre va être redonnée sur scène à l’Opéra comique à Paris, à l’Opéra royal à Versailles et au Théâtre national de Ljubljana. Donc il va connaître une nouvelle vie parce qu’une nouvelle édition a été aussi réalisée pour l’enregistrement à l’occasion des concerts à Prague et à Bratislava, qui va permettre à l’œuvre d’être diffusée un peu plus largement et de retrouver la place au répertoire. »

Maintenant nous aurons à la disposition l’enregistrement que vous avez réalisé vous-mêmes. Que pouvez-vous dire de cet enregistrement ?

Hjördis Thébault : « C’est en français et c’est donc la langue originale de l’œuvre ce qui est quand même important puisque Johann Christian Bach l’a écrite à partir d’un livret en français. Voilà, c’est interprété par des instruments d’époque. Ce qui est aussi important parce qu’on essaie de recréer les sons et l’esthétique de l’époque. »

Est-ce que le travail sur cet opéra a été un enrichissement pour vous ?

Pierre-Yves Pruvot : « Chaque nouveau rôle est un enrichissement pour un chanteur. Ce qui est intéressant, c’est quand on aborde cette période mal connue de l’histoire de l’opéra, de pouvoir reconstituer des chaînons manquant entre les opéras qu’on connaît, avant et après. Chaque nouveau rôle est donc un enrichissement pour un chanteur. »

Hjördis Thébault,  photo: Philippe Grunchec
Hjördis Thébault : « En plus, les personnages sont assez caractérisés. C’est des archétypes. Nous par exemple, on fait les deux méchants et qui sont vraiment extrêmement méchants. Il y a des scènes infernales avec des démons, des scènes d’invocation, une voix de la tombe et c’est assez amusant de jouer des personnage assez archétypaux. C’est plutôt drôle parce qu’on peut laisser libre cours à son imagination pour caractériser le personnage. Et puis la musique est extrêmement belle, très expressive et cela contribue vraiment à créer un personnage et à faire passer aussi le texte qui est très très beau aussi… »

Dans quelle mesure la trame de cet opéra est-elle importante pour vous ? Arrivez-vous à vous identifier avec les personnages fabuleux de cet opéra ?

Hjördis Thébault : « Ils sont fabuleux, mais ils sont aussi très humains. Donc ils ne sont pas une sorte de modèle inaccessible puisque le thème central c’est l’amour, la jalousie, la vengeance, des thèmes liés à l’homme et à ses passions. C’est des trames assez basiques, je dirais. Il n’y a rien de révolutionnaire dans ce qui est proposé. Ce sont donc des personnages féeriques, fabuleux et en même temps avec des passions et des sentiments très humains. »