Arrêt maladie : le délai de carence supprimé en 2019

Photo illustrative: Pixabay, CC0

Les trois jours de carence, le délai pendant lequel un employé en arrêt maladie n’est pas indemnisé, seront supprimés à partir de juillet 2019. La coalition gouvernementale en a décidé ainsi, donnant le feu vert à une mesure depuis longtemps soutenue par des partis de gauche. En échange, les entreprises devraient obtenir une compensation sous la forme d’une baisse de certaines cotisations sociales.

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Depuis 2009 et la réintroduction du délai de carence par le gouvernement de Mirek Topolánek (ODS), les Tchèques contraints de recourir à un arrêt maladie n’étaient plus indemnisés durant les trois premiers jours de leur absence. Régulièrement, des formations politiques de gauche, telles que le parti social-démocrate ou le parti communiste, annonçaient leur volonté de supprimer ce dispositif.

La première de ces formations est désormais au gouvernement, en coalition avec le mouvement ANO, et la seconde soutient ce cabinet. Elles ont donc pu faire valoir cette suppression qui devrait être actée au mois de juillet 2019. Vice-présidente du groupe parlementaire des sociaux-démocrates à la Chambre des députés, Kateřina Valachová explique :

« Les salariés ne seront plus punis sans aucune justification, simplement parce qu’ils sont malades. L’indemnisation doit correspondre à 60 % de la rémunération de base journalière, ainsi que cela était prévu dans le programme de coalition. De leur côté, les employeurs recevront une compensation à hauteur de 3,5 milliards de couronnes (140 millions d’euros). »

La mesure est appuyée par les syndicats. Ceux-ci expliquent qu’avec le délai de carence, certains employés malades avaient tendance malgré tout à se rendre au travail pour ne pas perdre leur salaire, au risque de contaminer leurs collègues. Josef Středula est le président de la Confédération tchéco-morave des syndicats (ČMKOS) :

Josef Středula,  photo: Jana Trpišovská,  ČRo
« Nous faisons confiance aux gens quand ils disent qu’ils sont malades et cela va permettre qu’ils se soignent dignement, qu’ils soient assurés de ne pas perdre leurs revenus durant ces trois premiers jours. Nous pensons que cela vaut le coup de faire en sorte de pouvoir soigner tous les employeurs et les employés pour contribuer au niveau de santé général. »

En revanche et malgré les compensations, l’annonce de la suppression du délai de carence fait grincer des dents du côté du patronat. Zbyněk Danda, le vice-président de la Confédération des employeurs et des entrepreneurs de République tchèque, voit là un nouveau mauvais coup porté aux entrepreneurs tchèques :

« C’est un autre grain de sable dans l’entreprenariat en République tchèque. Ce n’est pas seulement la question du délai de carence, mais il y a aussi bien sûr la hausse du salaire minimum et ainsi de suite. Inutile de développer davantage. Naturellement, nous nous opposons à cette mesure depuis le début. »

Les partis situés à la droite de l’échiquier politique partagent ce mécontentement. Du côté du parti civique-démocrate (ODS), on ne fait pas vraiment confiance aux salariés qui, selon ses responsables, pourraient abuser des arrêts maladie. Mais il a aussi été difficile d’imposer la mesure au sein du mouvement ANO, la principale formation de la coalition gouvernementale. Certains de ses membres ont déclaré qu’ils refuseraient de voter la suppression des jours de carence. Le Premier ministre Andrej Babiš semble être finalement parvenu à les ramener à la raison, les sociaux-démocrates menaçant de rompre l’accord de coalition s’ils n’étaient pas entendus sur le sujet.