Brdy, ancien site militaire, devient zone naturelle protégée et s’ouvre au tourisme

Brdy, photo: Miloš Turek

Il y a quelques années encore, la région des monts Brdy, en Bohême centrale, faisait la une des journaux en raison d’un projet d’installation d’un radar américain anti-missile. Aujourd’hui, l’ensemble du site militaire va devenir accessible au public et sera classé Zone naturelle protégée à compter du 1er janvier prochain.

Brdy,  photo: Miloš Turek
En 2007, l’administration Bush avait annoncé qu’elle entendait installer un radar en République tchèque, plus précisément dans la région de Brdy, dans le cadre d’un nouveau bouclier anti-missile en Europe.

Une décision qui n’avait pas manqué de susciter la polémique, avec d’un côté le gouvernement tchèque de l’époque, ainsi qu’une petite partie de la population, qui estimaient que ce projet devait être soutenu, en vertu de l’alliance euro-atlantique et dans l’optique de contenir l’influence russe en Europe centrale ; et d’un autre côté, deux tiers de la population tchèque, les communes de la région concernée ou encore les écologistes qui ferraillaient contre le projet. Le président Barack Obama l’avait finalement enterré en 2009.

La région de Brdy n’avait pas été choisie par hasard pour l’installation de ce radar. Cette région valonnée est depuis 1926, mais surtout depuis les années 1950, un site dévolu à l’armée tchèque et une grande partie en est donc totalement inaccessible. Depuis 2007, certains espaces en bordure de la zone ont été progressivement ouverts au public.

Richard Brabec,  photo: ĆT24
La décision, lundi, par le gouvernement, de la création d’une Zone naturelle protégée pour la région de Brdy va représenter un changement notable, à la fois pour les habitants et pour les touristes. Richard Brabec, ministre de l’Ecologie :

« Certains endroits de la zone naturelle protégée sont totalement uniques en leur genre. Nous sommes convaincus que ce classement est un grand événement. Elle vient rejoindre la liste de 28 autres zones naturelles protégées, mais c’est aussi une des plus importantes de République tchèque. On y trouve de nombreuses espèces protégées, que ce soit des animaux ou des plantes. »

La nouvelle zone naturelle protégée représente 345 km2, soit un quart de plus que la surface du site militaire actuel. Caractérisée par une prééminence de forêts et un très faible peuplement, elle englobe toutefois 34 communes.

A moins de trois mois de son ouverture au public, de nombreux problèmes subsistent pourtant quant à l’accueil de celui-ci. Karel Markvart, le président du conseil du Club des touristes tchèques, regrette que le balisage et le marquage des sentiers n’ait pas pu se faire encore cet automne :

Photo: Štěpánka Budková
« Grâce au balisage, les gens s’orientent en fonction de nos itinéraires et ne risquent pas d’errer çà et là. Cela permet de protéger la nature et évite que le tourisme sauvage ne vienne gâcher certains endroits. »

Du côté du ministère de la Défense, on prône la patience, rappelant qu’il faudra attendre le 1er janvier 2016 pour que la classification de la région soit effective, comme le précise, Petr Medek, porte-parole du ministère de la Défense :

« Le balisage ne peut intervenir qu’avec l’autorisation du propriétaire, en l’espèce, celle des Forêts et domaines militaires. Il faut aussi l’accord de l’administration reponsable de la Zone naturelle protégée, or celle-ci ne verra le jour officiellement que le 1er janvier. La saison touristique principale ne commence qu’en juin. D’ici là, je pense qu’une grande partie du balisage sera prêt. »

Brdy,  photo: Miloš Turek
Mais le balisage n’est pas le seul écueil à l’ouverture des Brdy au plus grand nombre : d’aucuns, comme Ivo Grüner, ce conseiller municipal de la région de Plzeň, s’inquiètent de la mise en place effective de mesures de sécurité :

« Le plus important, c’est la façon dont va être résolue la question des voies de communication, notamment en hiver, afin que puissent à tout moment intervenir les sapeurs-pompiers, la police ou le samu. Il faut que la zone soit couverte par les réseaux de téléphonie mobile. Si quelqu’un tombe à vélo ou en faisant du ski de fond, il faut qu’on puisse le retrouver dans cet immense site. »

Brdy
Enfin, dernier obstacle, et non des moindres, à l’ouverture totale de la zone de Brdy : si la présence du site militaire a paradoxalement permis de conserver la nature presque inchangée depuis sa création dans les années 1920, avec un écosystème très particulier qui justifie son classement et sa protection, il n’en reste pas moins qu’une grande partie de la zone doit encore être déminée.

Depuis 2012, près d’une centaine d’experts en pyrotechnie travaille à assainir ces espaces, afin de les débarasser de ses mines. A l’heure actuelle, le ministère de l’Ecologie promet que 50% de la zone sera déminée d’ici fin 2015. Il faudra toutefois attendre fin 2017 pour pouvoir enfin découvrir les profondeurs des bois des monts Brdy sans crainte.