Comment parler de l'extrémisme de droite?

Comment le phénomène de l’extrémisme de droite se répercute-t-il et quel est son écho dans les médias ? Pour la première fois, une analyse examinant cette question a été effectuée et rendue publique en République tchèque.

Photo: Archives de Radio Prague
Plus de 30 000 articles ou reportages au sujet de l’extrémisme de droite ont été publiés entre juillet 2008 et décembre 2009 et entre janvier et mars 2010 dans l’ensemble des médias tchèques. C’est ce qui ressort de l’analyse effectuée par l’association Newton Media et la fondation Open Society Fund Prague, dont le but consistait à identifier différents aspects de l’image médiatique des événements liés à l’extrémisme de droite.

Le sociologue Ivan Vodochodský, un des auteurs du projet, précise :

« Nous avons eu recours à la notion de l’extrémisme de droite, une notion quelque peu problématique, car une partie des experts la refuse, la considérant comme fallacieuse. Mais notre première tâche était de couvrir un large spectre de phénomènes et d’événements liés à l’extrême droite, depuis les manifestations et les déclarations de programme jusqu’aux actes criminels à proprement parlé ».

L’analyse donne d’abord une réponse à la question de savoir quelles sont les causes et les événements qui ont intéressé le plus les médias et quelle position ceux-ci ont prise à leur égard. Ainsi il s’avère que dans plus de la moitié des cas examinés durant la première phase de l’étude, le ton des contributions se rapportant à l’extrémisme de droite était assez neutre. Pour Eva Dobrovolná d’Amnesty International, « il s’agit d’un constat alarmant ». En revanche, dans la deuxième phase, le ton d’une majeure partie des articles a changé pour devenir clairement négatif.

Peu sinon pas de reportages et de commentaires dans les médias dénonçant les actes et les manifestations d’extrémisme de droite serait un autre trait marquant que l’analyse révèle.

Selon Robert Basch, directeur de la fondation Open Society Fund Prague, le rôle des médias, face à la montée de l’extrémisme de droite dans le pays, est pourtant irremplaçable :

« Ce thème est toujours d’actualité, dans la société tchèque. En témoigne le fait que le nombre de contributions à ce sujet se situe aujourd’hui entre 140 et 200 par semaine. Le phénomène est donc toujours présent. Je tiens à rappeler que lors des récentes « élections estudiantines », organisées la veille des vraies élections législatives, le Parti ouvrier de justice sociale(DSSS) qui est un parti d’extrême droite s’est placé dans quatre régions en 4e ou 5e position. L’influence des médias sur les jeunes est donc très importante ».

L’événement auquel les médias ont voué au cours des deux dernières années la plus grande attention, c’était l’attaque au cocktail Molotov contre une famille rom à Vitkov qui a grièvement brûle une fillette de deux ans, Natálka. Un défilé des membres et des sympathisants du Parti ouvrier, formation néonazie désormais supprimée, dans un quartier pauvre de la ville de Litvínov, habité notamment par la population rom, est un autre événement qui a fait la une des médias.

Et la présente analyse de soulever une question de taille : tout en informant des actes et du discours des néonazis et des formations d’extrême droite, comment les médias doivent-ils faire pour ne pas leur faire en même temps de la publicité ?