De nombreux médecins étrangers pour compenser l’exode médical en Tchéquie

Photo illustrative: fernandozhiminaicela / Pixabay, CC0

Alors que la République tchèque fait face depuis plusieurs années à un exode de médecins et de personnel infirmier, le salut viendra peut-être des médecins venus de l’étranger. Actuellement plus de 3 200 d’entre eux exercent leur profession en République tchèque, comme le révèle un reportage de la Radio tchèque.

Michal Sojka,  photo: YouTube
Avec 2 800 ressortissants exerçant en cabinet ou en hôpital, la Slovaquie est le plus gros pourvoyeur de médecins diplômés à s’installer chez leur voisin tchèque, suivie par l’Ukraine, la Russie, la Pologne ou la Biélorussie. Selon Michal Sojka, de la Chambre des médecins, la proximité linguistique mais aussi les mauvaises conditions dans le secteur de la santé de ces pays y sont pour beaucoup :

« Pour nous, il est avantageux qu’ils apprennent le tchèque et restent ici pour travailler. Nous n’avons pas envie de devenir un simple tremplin, et qu’ensuite, ils partent vers l’Allemagne ou l’Autriche. »

Si aujourd’hui, le nombre de médecins slovaques en Tchéquie tend à stagner en raison du rehaussement du niveau dans le secteur de la santé local, celui des praticiens venus de pays linguistiquement éloignés est à la hausse. Ceux-ci viennent de Grèce par exemple, ou encore de Chypre, comme ce cardiologue de 35 ans, installé en Tchéquie depuis une quinzaine d’années. Issu d’une famille de médecins, Andreas Afxentiou raconte que son père, gynécologue, a fait jadis ses études en Tchécoslovaquie. Pour lui, l’attractivité de la Tchéquie, comme destination pour un job ou pour revenir au pays avec une formation complète de haut niveau, fonctionne dans les deux sens :

« Une personne qui finit ses études de médecine en Tchéquie et retourne à Chypre ou en Grèce est considérée, là-bas, comme un spécialiste. Par le passé, nous avons envoyé jusqu’à quinze étudiants par an. Mais aujourd’hui, il y a beaucoup plus de jeunes qui sont intéressés. Tous les ans, nous envoyons 35 à 45 étudiants en Tchéquie. »

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Dans le cas des médecins faisant le choix d’exercer leur métier en République tchèque, il leur faut passer un examen d’habilitation auprès des autorités locales compétentes afin de faire reconnaître leur diplôme. Une des conditions sine qua non est une maîtrise de la langue tchèque, comme le rappelle Jan Brodský, du ministère de la Santé :

« Bien que la question d’un niveau de langue suffisant soit à la discrétion de chaque postulant, le ministère de la Santé propose, via une organisation de troisième cycle, des cours préparatoires à l’examen d’habilitation qui comprennent également des cours de langue tchèque et de terminologie médicale. Ces cours sont construits de telle façon qu’un médecin étranger puisse avoir une connaissance suffisante de la langue tchèque afin de passer son examen avec succès. »

Selon des données de 2016, un médecin tchèque diplômé sur cinq est parti travailler à l’étranger, attiré par les salaires plus lucratifs en Allemagne, en Autriche ou au Royaume-Uni. En février dernier, le ministre de la Santé Adam Vojtěch (ANO) avait même envisagé d’instaurer une obligation de travail de trois ou quatre ans en Tchéquie pour les jeunes médecins diplômés, au sortir de leur études. Mais face à cette pénurie de spécialistes, qui touche par ailleurs aussi largement le personnel infirmier et médical de base, le recrutement de médecins dotés d’un diplôme étranger s’avère crucial pour la République tchèque.