Décès de Václav Vorlíček, réalisateur de « Trois noisettes pour Cendrillon »

Václav Vorlíček, photo: ČTK/Michal Krumphanzl

Son nom est à jamais associé au conte de fées filmé « Trois noisettes pour Cendrillon » : le réalisateur Václav Vorlíček est décédé mardi soir à Prague, à l’âge de 88 ans. S’il est l’auteur de nombreuses adaptations de contes sur grand écran, on lui doit également des séries télévisées comme Arabela ou des comédies familiales à succès pleines de fantaisie et surtout d’humour.

Václav Vorlíček,  photo: ČTK/Michal Krumphanzl
« Personnellement, j’ai toujours préféré m’intéresser à tout ce qui relève de la fantaisie et de l’imagination. Et Miloš (Macourek, scénariste de nombreux films de Vorlíček) aimait ça aussi. Alors on se défiait mutuellement avec nos idées. Dès qu’on trouvait quelque chose, on le disait à l’autre. Et si on se mettait à rire tous les deux, - ça voulait dire qu’on tenait le bon bout et que ce serait dans le film ! »

C’est ainsi qu’au moment de l’émergence de la nouvelle vague du cinéma tchécoslovaque, naissent dans les années 1960 et 1970, sous la houlette de Václav Vorlíček, des comédies drôles et fantasques, truffées d’idées originales et qu’on n’imaginerait pas sorties des studios de cinéma d’un pays communiste.

« Qui veut tuer Jessie ? » (1966) en est un bon exemple, en même temps que d’être le premier grand succès de Václav Vorlíček auprès du public : le film, qui met en scène notamment Olga Schöberová, la Brigitte Bardot tchèque, est un mélange inventif de prises de vue réelles et d’animation puisqu’il y intègre des illustrations de l’auteur de BD, Kája Saudek. Onirique et décalé, ce film est aussi une satire féroce de la Tchécoslovaquie communiste.

'Qui veut tuer Jessie ?',  photo: ČT
Autre perle dans la carrière de Vorlíček, « Fin de l'agent W4C par l'intermédiaire du chien de Monsieur Foustka » (1967) : quarante ans avant l’OSS 117 interprété par Jean Dujardin, le réalisateur tchèque produit une parodie burlesque de James Bond, pleines de rebondissements dignes du genre et de dialogues savoureux.

Pour le réalisateur Zdeněk Zelenka, Václav Vorlíček était un exemple en matière d’exigence cinématographique :

« Il a réalisé des comédies élégantes : il n’y avait pas de mots vulgaires, pas de violence. Il avait un vrai sens de l’humour, de la poésie et de l’exagération. Il comprenait le monde de l’enfance. Tout cela allait de pair avec son apparence : un gentleman à l’élégance toute britannique. »

Quand, en 1973, il hérite du scénario de « Trois noisettes pour Cendrillon », librement inspiré de la version de l’écrivaine tchèque Božena Němcová, Václav Vorlíček ne se doute pas du succès phénoménal qu’aura ce conte de fées devenu un classique en pays tchèques, mais également à l’étranger.

Dans cette adaptation, coproduite par la télévision est-allemande et que Vorlíček a choisi de situer dans une époque qui s’apparente à la Renaissance, Libuše Šafránková incarne une Cendrillon dégourdie, malicieuse et émancipée, qui tire à l’arbalète, monte à cheval comme un garçon, et séduit son prince plutôt que l’inverse. Cette version féministe du conte des frères Grimm est d’ailleurs rediffusée tous les ans à Noël avec un succès non démenti près d’un demi-siècle plus tard.

« Je pense clairement que Popelka (Cendrillon en tchèque, ndlr) s’impose d’elle-même comme mon plus grand succès. D’ailleurs, dès 1973, le film a été présenté à Brno, dans le cadre du festival FilmExport où on vendait les droits de productions tchécoslovaques à l’étranger. Dès sa première diffusion, mon film y a été vendu dans une cinquantaine de pays… »

Si « Trois noisettes pour Cendrillon » est particulièrement prisé en Slovaquie voisine, Allemagne, Suède, Suisse ou Norvège, il a aussi été diffusé en France et a même été édité en DVD en 2013 dans sa version française. Depuis 2009, le château de Moritzburg en Saxe, lieu de tournage de certaines scènes, propose tous les hivers une exposition consacrée au film-culte de Vorlíček.

A noter enfin que plusieurs des grands succès de Václav Vorlíček ont été édités en France par Malavida Films.