Deux Tchèques enlevées au Pakistan : SOS mais RAS

Hana Humpálová et Antonie Chrástecká, photo: Le profil de Facebook Hanka a Tonča domů

Une semaine après l’annonce de leur enlèvement dans la province du Baloutchistan (nord-ouest du Pakistan), les autorités tchèques comme pakistanaises restent officiellement sans nouvelles des deux femmes tchèques prises en otages. En République tchèque, les initiatives se multiplient, y compris en plus haut lieu, pour retrouver la trace des deux touristes qui, depuis l’Iran, devaient se rendre en Inde en passant par une région où les enlèvements d’étrangers par des groupes armés sont monnaie courante.

Karel Schwarzenberg,  photo: CT24
Le président de la République, Miloš Zeman, et le ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, se sont rencontrés lundi pour évoquer l’évolution de la situation et l’avancement des recherches, ou plus précisément leur stagnation, comme l’a confirmé la porte-parole du ministère, Johanna Grohová :

« Les recherches se poursuivent tant sur le territoire pakistanais que dans les environs, y compris en Afghanistan. Nous suivons toutes les pistes possibles. Celles-ci mènent dans différentes directions, y compris donc en Afghanistan. Toutefois, nous ne disposons d’aucune information sur l’endroit où les jeunes femmes pourraient se trouver. Néanmoins, nous appelons leurs familles, leurs amis et toutes les autres personnes intéressées par cette affaire à ne rien entreprendre de leur propre initiative et à ne pas organiser par exemple une opération de sauvetage dans la région. »

Hana Humpálová et Antonie Chrástecká,  photo: Le profil de Facebook Hanka a Tonča domů
De ses deux ressortissantes disparues, la diplomatie tchèque n’en sait donc pas plus que les ambassades à Islamabad et à Kaboul ou que le ministère pakistanais de l’Intérieur. Toutefois, ces déclarations officielles pourraient également constituer un moyen de garder secrètes certaines informations dont la communication compliquerait les recherches ou les négociations avec leurs ravisseurs. Comme souvent dans ce genre de situation, difficile de savoir ce qu’il en est vraiment.

Ce qui est acquis en revanche, c’est que Hana Humpálová et Antonie Chrástecká, deux étudiantes de 25 ans, ont été enlevées mercredi dernier à 500 kilomètres environ de Quetta, principale ville du Baloutchistan, par un groupe de huit à dix hommes qui portaient des uniformes policiers. A en croire le témoignage du chauffeur de l’autocar qui transportait les jeunes femmes, les ravisseurs ont d’abord désarmé le garde qui les accompagnait avant de les forcer à monter dans un véhicule tout-terrain. Selon des sources pakistanaises, il est possible que les deux Tchèques aient été prises en otages par le même groupe qui avait kidnappé un couple suisse en 2011. Celui-ci était resté en détention sous la surveillance d’un groupuscule de Talibans pendant huit mois avant finalement de parvenir à s’échapper dans des circonstances restées mystérieuses aujourd’hui encore.

Baloutchistan,  photo illustrative: CT24
En République tchèque, les familles des deux otages sont bien entendu au centre de l’attention. Largement relayée par les médias, l’affaire ne fait cependant pas l’unanimité sur les moyens à engager pour retrouver les jeunes femmes, beaucoup leur reprochant de voyager dans une région où le risque d’enlèvements est très élevé. Toutefois, selon la sœur de l’une d’entre-elles, les deux aventurières étaient conscientes des dangers qu’elles encouraient et avaient pris toutes les précautions nécessaires avant leur départ :

« Le but principal de leur voyage était d’arriver en Inde. Elles y ont déjà séjourné à plusieurs reprises et elles s’y sont toujours rendues en avion. Cette fois, elles ont décidé de voyager par voie terrestre en passant par l’Iran et le Pakistan. Ce n’est pas une décision qu’elles avaient prise sur un coup de tête ou du jour au lendemain. Elles avaient préparé leur expédition minutieusement et s’étaient renseignées auprès d’autres personnes qui avaient déjà effectué le même voyage. Elles s’étaient également renseignées auprès de l’ambassade d’Iran et pendant leur traversée de l’Iran, tout le monde leur avait confirmé qu’il n’y avait pas de danger. »

Baloutchistan,  photo illustrative: CT24
En Iran peut-être, mais le ministère tchèque des Affaires recommande, lui, explicitement depuis plusieurs mois sur son site Internet de ne pas voyager dans le Baloutchistan, une province dont le gouvernement pakistanais n’a pas le contrôle. Pour la sœur de l’une des deux Tchèques enlevées, celles-ci ne sont cependant pas des têtes brûlées :

« Je ne pense pas qu’elles aient pris de risques et encore moins de risques inutiles. Je sais qu’elles avaient bien préparé leur voyage. Elles connaissaient les règles de sécurité à respecter. Elles avaient des voiles avec elles et je sais qu’elles couvraient leurs cheveux en Iran comme au Pakistan. Je suis certaine qu’elles n’ont pas cherché à attirer l’attention sur elles. »

Pour l’heure, les autorités tchèques n’envisagent pas d’envoyer de détective ou de spécialiste sur place, aucun détail n’ayant filtré ni sur le lieu où sont détenus les otages ni sur l’identité des ravisseurs, qui pour leur part ne se sont pas encore manifestés pour réclamer une rançon, comme cela est généralement le cas dans ce genre de situation.