Quatre ans après la réforme de la « maturita », le baccalauréat tchèque, le ministère de l’Education a également mis en place un nouveau type d’examens d’admission pour entrer dans le secondaire. Testés la semaine passée dans plus de la moitié des établissements concernés, les examens, dont l’introduction dépendait cette année de la volonté de chaque école et qui devraient devenir obligatoires pour tous à partir de septembre 2016, génèrent déjà leur lot de controverses.
Photo: Filip Jandourek, ČRo
Quelque 650 écoles secondaires de 13 régions de République tchèque ont
participé à l’édition pilote des examens d’admission à caractère
national, comportant un test de tchèque et de mathématiques. Organisés
par le Centre pour le repérage et l’évaluation de l’éducation
(Cermat), les examens qui étaient préparés jusqu’à présent par les
écoles, devraient désormais assurer un niveau équivalent aux élèves
entrant dans les écoles secondaires. Directeur du Cermat, Jiří Zíka
considère leur instauration comme absolument inévitable :
« Je crois que l’Etat comme investisseur devrait avoir des informations sur le déroulement de l’enseignement. Les tests préparés par le Cermat sont créés d’après le programme-cadre d'enseignement primaire et donc, ils peuvent donner une image du niveau de la formation, ou bien des connaissances acquises. »
Le ministre de l’Education social-démocrate Marcel Chládek, souligne que l’examen unique pourrait également aider à soutenir les centres d’apprentissage professionnels, négligés aujourd’hui par les élèves à cause de la facilité d’accès à des formations menant au baccalauréat. Jiří Zíka poursuit :
Jiří Zíka, photo: ČT
« Je pense que les tests uniques peuvent avant tout apporter des
informations sur le niveau des candidats aux directeurs des écoles. De
plus, on a mis en place le baccalauréat à caractère national à la fin
de l’éducation secondaire. Il nous manque donc un contrôle qui pourrait
augmenter la motivation des élèves quelque part au milieu de leur
formation. En général, les enseignants des écoles primaires se plaignent
du manque de motivation des élèves qui sont, dans tous les cas, admis
dans les écoles secondaires et qui ne montrent donc aucun intérêt pour
l’éducation. »
Pourtant, ce projet a déjà trouvé ses critiques. Nous écoutons le directeur de la société Scio axée sur les langues et le contrôle des connaissances des élèves, Ondřej Šteffl :
Ondřej Šteffl, photo: Prokop Havel, ČRo
« Ce système est basé sur la supposition qu’on peut reconnaître
celui qui réussira dans quatre ans son bac, déjà avant la première
année de ses études, lors de l’examen d’admission. Mais il est
impossible de le reconnaître et il y a des preuves empiriques et
scientifiques qui le confirment. Alors, si un nombre important des enfants
échouent au bac, le ministère devrait surveiller la qualité de
l’éducation plutôt que de mettre des bâtons dans les roues. »
D’autres adversaires s’opposent à cette nouveauté en indiquant que le nombre des places, dans les établissements préparant au bac, excepté les lycées, est supérieur à la demande et surtout que l’instauration d’un tel examen pourrait menacer l’existence des écoles secondaires professionnelles. Expert dans le domaine de l’éducation au sein du parti civique démocrate (ODS), Václav Klaus junior en dit plus :
Václav Klaus junior, photo: Šárka Ševčíková, ČRo
« Si l’on voulait explorer la qualité de l’enseignement primaire, on
devrait examiner des élèves des écoles primaires. Il est donc impossible
de le remplacer par l’introduction d’examens d’admission normalisés
aux écoles secondaires. En République tchèque, nous avons déjà mis en
place le baccalauréat national, nous apprenons chaque année que le quart
ou le tiers des élèves ne réussissent pas en mathématiques ou dans
d’autres matières, bref, que les résultats sont catastrophiques et que
rien n’est fait pour y remédier. Et maintenant, nous voulons rajouter
dans ce système pourri encore des examens d’entrée unifiés et
obligatoires. Mais les écoles secondaires sont très variées, ils
existent des écoles artistiques, des écoles professionnelles ou des
lycées. Imaginez, par exemple, une fille qui se prépare pour des études
en soins infirmiers et qui ne sera pas admise parce qu’elle n’aura pas
réussi à faire une analyse grammaticale. Ne voulez-vous pas laisser la
responsabilité du choix plutôt au directeur de l’école concernée ? »
La contribution de ces changements est donc souvent remise en cause. Néanmoins, jusqu’à l’instauration officielle de ce nouveau système dans tous les types d’établissements, prévue pour 2016, les directeurs des écoles peuvent décider dans quelle mesure les examens uniques feront partie de la procédure d’admission.
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