Erasmus, un dispositif unique, mais encore trop cher pour de nombreux Tchèques

Alžběta Stančáková, photo: Magdalena Hrozínková

Plus de 300 000 Tchèques ont bénéficié des bourses Erasmus depuis le lancement du programme en République tchèque en 1998. Parmi eux, la jeune poète et doctorante à l’Université Masaryk de Brno, Alžběta Stančáková, qui a effectué une mission de volontariat à la Maison de l’Europe de Bordeaux. Au micro de Radio Prague, Alžběta Stančáková s’est souvenue de cette expérience.

Alžběta Stančáková, bonjour. En 2015-2016, vous avez effectué un stage Erasmus à la Maison de l’Europe à Bordeaux, dans le cadre du service volontaire européen (SVE). Pourriez-vous nous en dire plus ?

Alžběta Stančáková,  photo: Magdalena Hrozínková
« Nous étions trente étudiants étrangers, venus de différents pays européens, à avoir effectué ce stage SVE ensemble avec trente jeunes Français. Pendant ce stage, nous avons participé à plusieurs programmes qui étaient très concrets, en rapport avec la vie réelle. Ils ont été mis en place par la mairie de Bordeaux. Par exemple, nous avons réalisé un projet intitulé ‘Les ambassadeurs de valeurs européennes’, dont le but était de présenter nos pays respectifs aux Français. Nous avons alors organisé des manifestations dans des écoles, pour partager notre culture et nos traditions avec les élèves. Nous avons également participé à l’organisation des Abilympics, une compétition de métiers destinée aux personnes handicapées. J’ai également donné des cours de tchèque à Bordeaux pendant ce stage. »

Pourquoi avez-vous postulé pour ce stage ?

« A l’époque, j’étudiais les lettres à l’Université Charles de Prague. J’ai trouvé cette proposition de stage sur Internet. Comme la plupart de mes collègues à Bordeaux, j’ai alors interrompu mes études pendant un an pour pouvoir partir en France. »

Combien cela a coûté ? Avez-vous eu une bourse ?

« Oui, je ne me souviens plus du montant exact, je crois que nous avions 300 euros par mois. C’était un budget généreux, car l’hébergement nous était offert par la Maison de l’Europe. »

Qu’est-ce que ce séjour vous a apporté ?

Maison de l'Europe à Bordeaux,  photo: Google Maps
« Mon objectif principal était d’apprendre le français. J’ai réussi et depuis, j’essaie de parfaire mes connaissances, d’utiliser le français dans ma vie professionnelle. Sinon, je trouve important de vivre l’expérience du dépaysement, d’éloignement de son pays. Mes séjours à l’étranger m’ont appris à sortir facilement de ma zone de confort. Evidemment, je me suis fait beaucoup d’amis en France et dans le monde entier. Nous sommes toujours en contact et nous nous rendons visite. »

Y a-t-il, dans votre entourage, beaucoup de jeunes Tchèques qui sont partis en Erasmus ?

« Oui, j’en connais beaucoup, mais ils ne sont pas tellement nombreux à avoir effectué le service volontaire, comme moi. Actuellement, il est presque obligatoire d’obtenir une expérience à l’étranger pour quelqu’un qui fait des études supérieures. Moi-même, je prépare en ce moment mon doctorat et je suis censée effectuer un stage de six mois au minimum à l’étranger. »

Envisagez-vous de partir à nouveau en France ?

« Je n’en suis pas sûre… L’un des grands avantages du programme Erasmus est qu’il vous donne envie de voyager. Mais aussi d’aller toujours plus loin. Du coup, j’aimerais bien partir aux Etats-Unis… »

Existe-t-il, selon vous, des obstacles particuliers à surmonter pour les étudiants Erasmus ?

Photo illsutrative: Commission européenne
« Ils sont souvent confrontés à des problèmes financiers. La bourse qu’obtiennent les jeunes Tchèques qui partent en Erasmus ne couvre pas tous les frais. En Italie par exemple, il n’est pas possible pour eux de se payer un logement et de vivre correctement de cette bourse. Moi-même, j’ai dû renoncer à l’époque à un séjour Erasmus à Venise pour cette même raison : l’université me proposait 500 euros par mois, alors que le logement dans cette ville coûte à peu près la même somme. Soit il faut avoir de l’argent à côté, soit il faut se trouver un job d’étudiant, ce qui n’est pas toujours facile à concilier avec les cours. Même si les bourses augmentent progressivement, les conditions de vie demeurent très différentes d’un pays à l’autre. Je connais de jeunes Espagnols qui ont même économisé de l’argent pendant leurs séjours Erasmus à Prague et je connais aussi des Erasmus tchèques qui ont travaillé dans des cafés à Paris pour pouvoir effectuer leur stage là-bas.»