Festival Smetana de Litomyšl : une passerelle entre musique et arts visuels

Festival Smetana de Litomyšl, photo: Magdalena Hrozínková

C’est une des plus anciennes et des plus importantes fêtes de musique classique en République tchèque : Smetanova Litomyšl, le Festival Smetana de Litomyšl, se déroule depuis la fin des années 1940 dans la pittoresque petite ville de Bohême de l’Est et notamment dans les locaux de son magnifique château Renaissance, protégé par l’UNESCO. Sa 60e édition, qui a commencé en fin de semaine dernière, met un accent particulier sur la musique, mais également sur les arts plastiques tchèques en raison du centenaire de la fondation de la Tchécoslovaquie.

Festival Smetana de Litomyšl,  photo: Magdalena Hrozínková
En ouverture du Festival Smetana de Litomyšl, la Philharmonie tchèque a interprété l’hymne tchèque suivi de l’hymne slovaque, à savoir le chant à deux couplets « Nad Tatrou sa blýska » tel qu’il est joué depuis la partition de la Tchécoslovaquie en 1993.

Comme le veut la tradition, c’est une œuvre du compositeur Bedřich Smetana, natif de Litomyšl, qui a inauguré le festival. Cette année, le choix des organisateurs s’est porté sur une cantate peu connue de Smetana, « La Chanson tchèque », interprétée par le Chœur philharmonique de Prague. Elle a été suivie de la Messe glagolitique de Leoš Janáček, dont nous célébrons cette année le 90e anniversaire de la mort, ainsi que de la belle musique de scène écrite par Josef Suk pour la pièce de théâtre Radúz et Mahulena.

Une quarantaine de concerts, opéras et récitals figurent au programme de ce festival qui mise sur le meilleur de la musique tchèque, vocale et instrumentale, tout en invitant une poignée de solistes étrangers : le ténor mexicain Javier Camarena, le trompettiste de jazz français Erik Truffaz ou le jeune virtuose du piano japonais Kotaro Fukuma sont les grands invités de la 60e édition du Festival Smetanova Litomyšl.

Festival Smetana de Litomyšl,  photo: Josef Vostárek,  ČTK
Parmi les nouveautés des maisons d’opéra tchèques présentés à Litomyšl figurent notamment « Faust » de Charles Gounod, chanté en français par les solistes de l’Opéra Janáček de Brno. La musique sacrée est aussi au rendez-vous, avec la Messe en si mineur de J. S. Bach interprétée par le très réputé ensemble Collegium Marianum ou le Requiem d’Alfred Schnittke. Avant que le corniste de renommée mondiale et chef d’orchestre Radek Baborák et son ensemble Česká Sinfonietta ne présentent au public, tout au long de la journée de 6 juillet, les symphonies Le Matin, Le Midi et Le Soir de Joseph Haydn, l’histoire centenaire de la Tchécoslovaquie sera mise à l’honneur, notamment par la première de l’opéra Libuše de Bedřich Smetana, une nouvelle mise en scène du Théâtre national de Prague, ou encore par une soirée spéciale consacrée à l’année fatidique 1968. L’Orchestre symphonique de la ville de Prague FOK interprètera « La Musique pour Prague », une œuvre créée par le compositeur tchéco-américain Karel Husa suite à l’écrasement du Printemps de Prague.

Festival Smetana de Litomyšl,  photo: Josef Vostárek,  ČTK

Ces peintres-pèlerins qui ont quitté la Tchécoslovaquie

L'exposition 'Les pèlerins',  photo: Magdalena Hrozínková
Depuis quatorze ans, un festival d'arts plastiques, « Smetanova výtvarná Litomyšl », est organisé en parallèle : une trentaine d’expositions et de manifestations artistiques se tiennent dans les parcs, jardins et monuments de Litomyšl. Deux expositions principales, intitulées « Les pèlerins » et « Le paysage de mon cœur » se déroulent dans l’ancienne brasserie du château. Elles présentent des œuvres des peintres tchèques du XIXe et XXe siècles inédites, provenant des collections privées. Pavel Smutný, mécène et président-fondateur du Bohemian Heritage Fund, est l’organisateur des deux expositions :

Pavel Smutný,  photo: Magdalena Hrozínková
« A Litomyšl, nous sommes de grands patriotes, mais nous sommes aussi fortement influencés par la France. Les deux expositions montrent l’influence qu’a eue la France sur nos artistes. La première exposition présente les grands paysagistes tchèques, Kaván et Kalvoda par exemple, ainsi que d’autres élèves du célèbre peintre impressionniste Julius Mařák. Leurs paysages idylliques sont opposés à des tableaux plus inquiétants d’artistes-pèlerins de la première moitié du XXe siècle. Ces artistes tchèques ont dû fuir l’Europe occupée par les nazis. Ils étaient nombreux à être installés en France. Ils l’ont quittée via le Portugal ou d’autres pays. Leurs destins sont très divers. Une artiste que nous exposons est morte à Auschwitz, un autre peintre est revenu en Tchécoslovaquie. Après la guerre, il est devenu tristement célèbre par ses caricatures critiquant le monde impérialiste, capitaliste. »

Les deux expositions, sur lesquelles nous reviendrons dans notre émission culturelle de samedi, s’achèveront le 7 juillet prochain, tout comme le Festival Smetana de Litomyšl.

Les programmes des deux festivals sont à consulter sur les sites https://vytvarnalitomysl.cz et http://www.smetanovalitomysl.cz.

L'exposition 'Le paysage de mon cœur',  photo: Magdalena Hrozínková