Fin des institutions de placement des nourissons en République tchèque?

Il semblerait que les institutions de placement des nourissons, des établissements critiqués depuis longtemps par l’UNICEF et autres organisations non gouvernementales, soient vouées à disparaître. Ces institutions, censées s’occuper des nourissons qui ne peuvent pas vivre avec leur famille pour des raisons sociales ou de santé, sont assez uniques en Europe. Le ministre de la Santé les a désignées comme « un vestige du passé », indiquant qu’une nouvelle législation est en préparation, qui devrait progressivement supprimer ces institutions.

L’année dernière, les institutions de placement des nourissons ont admis plus de 2000 enfants dont les parents ne peuvent ou ne veulent pas élever. Ces établissements, imposés dans les années 1950 par le président communiste Klement Gottwald sont un cas unique en Europe – même la Slovaquie voisine les a supprimés depuis plusieurs années comme la plupart des pays développés.

Le ministère du Travail et des Affaires sociales prépare une nouvelle loi qui devrait abolir le placement des enfants en institution publique jusqu’à l’âge de trois ans. Cette nouvelle mesure légale marquerait en effet la disparition de ces instutions.

Miloslav Macela
Miloslav Macela, chef du département « Famille, allocations, prestations » du ministère du Travail et des Affaires sociales, détaille le projet :

« Par exemple, la Slovaquie a récemment adopté une loi qui rehausse l’âge minimal d’un enfant pouvant être placé dans un établissement social à six ans.

(…) 45% des enfants sont placés dans ces institutions en raisons des problèmes sociaux de leur famille. Donc, il faut d’abord assurer une communication et un travail beaucoup plus intensifs avec la famille. Une famille d’accueil, c’est la deuxième solution. »

Donc, ce serait d’abord un travail plus assidu des assistants sociaux avec les familles problématiques qui serait préconisé. La priorité : laisser l’enfant à la garde des parents plutôt que de le placer automatiquement dans une institution dès qu’un problème surgit dans la famille. La possibilité d’une famille d’accueil est aussi préférée avant un placement dans une institution publique.

L’Etat avance plusieurs raisons pour ces changements législatifs : la critique de la communauté internationale, une réduction des coûts et bien sûr le bien-être des nourissons. Il est prouvé que les enfants ayant passé leurs premiers mois de vie dans ces institutions manifestent par la suite des problèmes psychologiques tels que l’absence d’émotion et d’empathie.

Jaroslava Lukešová, la directrice du Centre pour les enfants auprès de l’Hôpital Thomayer à Prague, reconnaît que le nombre d’enfants placés dans ces établissements est assez élevé. Néanmoins, elle n’est pas sûre que la nouvelle loi soit susceptible de complètement résoudre ce problème :

Jaroslava Lukešová
« Depuis le mois de juillet jusqu’à aujourd’hui, on a admis 25 enfants. Je ne me souviens pas d’un nombre de nouveaux clients si élevé pendant toute ma carrière. (…) Il y a cette conception qui présume que même des enfants handicapés, ou gravement malades seront accueillis par des familles de tutelle. Moi, je ne suis pas tellement optimiste. »

L’abolition progressive des institutions de placement de nourissons suscite aussi des inquiétudes d’une possible augmentation du nombre de nouveau-nés rejetés dans les rues. Cependant, le réseau des « baby-box » pourrait amortir l’accroissement éventuel.