Foot: les kangourous de Panenka pourraient perdre leur stade

Photo: Kristýna Maková

Le club Bohemians 1905, appelé aussi la Bohemka, est un club praguois à l’histoire prestigieuse mais qui fait surtout parler de lui ces dernières années à cause de ses galères. Galère financière, embrouilles avec un autre club sur le nom même de Bohemians, et plus récemment galère en perspective à cause de son stade, le bon vieux Ďolíček du quartier de Vršovice, que l’actionnaire majoritaire veut vendre.

Le Ďolíček de Vršovice,  photo: Kristýna Maková
La société CTY souhaite se débarasser de ce vieux stade qui ne répond plus aux normes et qu’il faudrait rénover. Les Bohemians 1905 devraient alors se trouver une nouvelle pelouse, peut-être celle du Slavia Prague, qui est dans le même quartier. Le légendaire Antonín Panenka est le président des « kangourous », surnom des Bohemians 1905:

« Le propriétaire du stade voudrait probablement le vendre, et en ce moment se poursuivent discussions et négociations. Mais il faut trouver des moyens financiers. D’un côté il y a ceux qui veulent que le club Bohemians 1905 déménage pour utiliser cet espace différemment, de l’autre il y a ceux, comme la direction du club et tous ses supporters, qui veulent que la Bohemka reste ici et que l’on continue à jouer au foot dans ce stade. »

Les supporters de la Bohemka, acteurs et autres célébrités inclus, ont déjà sauvé le club de la faillite en organisant une collecte publique il y a deux ans. Cette fois ils remettent ça avec des dons destinés à sauver leur stade. Et ils espèrent être aidés par la mairie du Xe arrondissement qui a laissé entendre qu’elle pourrait les aider en rachetant la « petite fosse » ou « fossette », « Ďolíček », surnom donné à ce stade. Malgré ses piètres résultats sportifs, le club conserve un noyau dur de plusieurs milliers de supporters inconditionnels, relativement important à l’échelle tchèque.

Antonín Panenka: « C’est la raison pour laquelle la Bohemka a toujours été un club sympathique : il y a toujours eu une ambiance détendue ici. C’est un peu comme une grande famille, tout le monde se connaît, personne n’est agressif. Les gens ont des intérêts communs et ont leurs habitudes ici. Si le club devait aller jouer ailleurs, ce serait un coup très dur pour nos supporters, je ne sais pas s’ils l’accepteraient. »

Pour Antonín Panenka, perdre ce stade serait un coup très dur également sur le plan personnel. C’est ici qu’il a notamment travaillé sa « panenka », qui est rentrée dans l’histoire du football :

« C’est vrai que j’ai une relation spéciale avec cet endroit. J’ai commencé à jouer sur ce terrain quand j’avais neuf ans. Cela signifie que j’ai joué ici pendant 23 ans. Depuis 14 ans, j’occupe diverses fonctions dans le club... Je suis comme à la maison ici... Je n’aime pas déménager et ce serait vraiment triste si on devait partir. C’est ici que j’ai inventé le pénalty qui porte aujourd’hui mon nom. Après l’entraînement je restais avec le gardien pour tirer des pénaltys et des coup-francs. On pariait du chocolat, de la bière ou de l’argent. Et c’est là que m’est venue l’idée, sur ce terrain. »