Formation professionnelle : la Chambre de commerce franco-tchèque souhaite que les PME adoptent une attitude proactive

Comme en France et dans d’autres pays européens, le manque de main-d’œuvre qualifiée dans certaines branches d’activité de l’industrie devient problématique en République tchèque aussi. C’est essentiellement pour cette raison que la Chambre de commerce franco-tchèque (CCFT) a décidé cette année pour la remise de ses prix de mettre en valeur les entreprises qui s’engagent dans le développement de la formation professionnelle et de l’apprentissage dans l’enseignement secondaire. Directeur de la CCFT, Jaroslav Hubata-Vacek a expliqué pourquoi plus en détail au micro de Radio Prague :

Jaroslav Hubata-Vacek,  photo: Archives de Jaroslav Hubata-Vacek
« On part du constat que la République tchèque est un pays très industrialisé. Aujourd’hui encore, 38% de son PIB est généré par son industrie. Or, depuis les années 1990, on assiste à une fuite progressive de la jeune génération vers le secteur tertiaire, alors que l’on connaît ce processus en France ces deux dernières années. Il y a eu beaucoup de délocalisations de l’industrie en Europe centrale et orientale, en Chine, etc., parallèlement au départ des jeunes vers le secteur des services. On pense qu’il est important pour la République tchèque au moins de ralentir ce processus et de dire ouvertement que la formation technique permet de faire des carrières très intéressantes pour éviter que tous les jeunes fuient vers le tertiaire. »

Toutefois, Jaroslav Hubata-Vacek estime que c’est aussi aux PME qu’il appartient de faire évoluer la situation dans le bon sens :

« En tant que chambre de commerce, nous souhaitons mettre en avant les exemples qui viennent ‘d’en bas’. Nous pensons que ce n’est pas seulement le rôle de l’Etat ou des grandes sociétés comme Škoda Auto qui ont mis en place leur propre école et leurs propres systèmes de formation. Il est aussi dans l’intérêt des PME qui ont 2 à 300 employés d’envisager la création de leur propre école secondaire ou centre d’apprentissage ou au moins d’instaurer des coopérations avec des écoles déjà existantes, par exemple en finançant une certaine formation technique ou une profession. Il ne faudrait pas que les entreprises restent passives et attendent de manière un peu hypocrite que l’Etat ou les grandes entreprises leur forment leurs futurs employés. Il faut qu’elles se mouillent et qu’elles adoptent une attitude proactive. »

Les prix de la CCFT seront remis le 2 juin prochain. La démarche s’inscrit dans le cadre de l’Année de l’industrie et de l’enseignement professionnel décrétée pour 2015 par le ministère de l’Industrie et du Commerce. Les entreprises intéressées par le projet peuvent envoyer leur candidature jusqu’au 7 mai sur le site de la CCFT. Les prix seront attribués dans trois catégories, comme le précise Jaroslav Hubata-Vacek :

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo
« La première catégorie concerne la coopération des entreprises avec un lycée professionnel ou un établissement d’enseignement professionnel. On sait que pendant la transformation de l’économie dans les années 1990, beaucoup de moyennes et grandes entreprises tchèques, contraintes de modifier leur processus de fabrication et de réaliser d’importantes économies, ont sacrifié leurs écoles de formation. Or, peu d’écoles ont été créées dans la décennie suivante. Ce que nous cherchons donc, ce sont les entreprises qui ont créé leurs propres écoles ou sont entrées dans le système de formation après 2000. Nous voulons que leurs formations soient à moyen ou long terme, et pas juste un engagement d’un an durant lequel elles essaient d’attirer quelques stagiaires chez elles. »

« La deuxième catégorie concerne les membres de la CCFT. Nous voulons savoir ce que font les filiales françaises dans ce domaine en République tchèque. Et puis la troisième et dernière catégorie touche à l’innovation dans le domaine de la formation professionnelle secondaire. C’est une catégorie qui est ouverte non seulement aux entreprises mais aussi par exemple aux ONG, aux municipalités ou aux collectivités. On a trouvé certains modèles très intéressants, comme celui d’une association de soixante PME dans une région qui a créé une école commune. Cela doit leur garantir de pouvoir disposer de certaines professions à l’avenir en nombre et qualité suffisants. »