Hommage à Max Brod, génie de la médiation culturelle

Photo: CTK

C’est ce mercredi qu’a été inaugurée à Prague une plaque commémorative sur la maison natale de l’écrivain Max Brod. La capitale tchèque a ainsi rendu hommage à l’un de ses fils, ayant joué un rôle important dans sa vie culturelle de la première moitié du XXe siècle. Aujourd’hui Max Brod, écrivain tchèque de langue allemande né en 1884, est connu surtout en tant qu’ami et éditeur de Franz Kafka. Pour la postérité, cette amitié célèbre a éclipsé la propre œuvre de Max Brod, homme aux multiples talents, romancier, journaliste et compositeur qui mérite de ne pas être oublié.

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La plaque commémorative a été inaugurée sur la maison de Max Brod grâce à l’initiative de l’Association Franz Kafka et de la Chambre de commerce tchéco-israélienne. Parmi, les personnalités de la vie culturelle et diplomatique ayant assisté à la cérémonie il y avait l’historien de littérature Josef Čermák, co-fondateur de l’Association Franz Kafka, traducteur et éditeur de Kafka et auteur du livre « Franz Kafka et Prague ». Il a évoqué les activités de Max Brod dans la vie culturelle et sociale de Prague au tournant du siècle et sous la première République tchécoslovaque tout en soulignant que Brod avait été le médiateur le plus important entre les nationalités et les ethnies qui coexistaient dans la ville à cette époque-là :

« Dans les milieux culturels judéo-allemands de Prague, il était sans doute à son époque le connaisseur le plus important et le plus actif du monde tchèque et de sa culture. Il présentait cette culture avec dévouement et succès à l’étranger. C’est lui qui a fait connaître au monde l’œuvre de Leoš Janáček qui, depuis, est de plus en plus appréciée. Il a écrit une monographie de Leoš Janáček, il a traduit des livrets de ses opéras et a publié sa correspondance avec lui. Il a aussi lancé sur le plan international Le Brave Soldat Chveïk de Jaroslav Hašek et a contribué à la renommé mondiale de cet écrivain. »

Josef Čermák
C’est à partir de 1925 que Max Brod commence à publier les œuvres de Franz Kafka, entre autres les romans L’Amérique, Le Château et Le Procès considérés aujourd’hui comme les piliers de la littérature mondiale du XXème siècle. Josef Čermák constate :

« Ce sont probablement ses efforts pour lancer et faire connaître l’œuvre de Franz Kafka qui ont suscité le plus grand retentissement. Il était lié avec Kafka d’une amitié désintéressée. Il était convaincu du génie de Kafka et osait le dire déjà à l’époque où pratiquement aucune de ses œuvres n’était publiée. Et surtout grâce à sa désobéissance clairvoyante, le noyau de l’œuvre de Kafka a été conservé. »

En effet, malgré la promesse donnée à son ami prématurément disparu, Max Brod n’a pas brûlé les manuscrits des œuvres de Franz Kafka mais a consacré une grande partie de sa vie à les défendre et à les éditer. C’est à lui donc que Franz Kafka doit sa gloire posthume. Cette activité d’édition a finalement éclipsé la propre œuvre de Brod qui mérite pourtant l’attention des lecteurs. Il est l’auteur de toute une série d’essais philosophiques, de romans, de contes, de pièces de théâtre et de Mémoires. C’est le roman Le Chemin de Tycho Brahé, premier tome de la trilogie intitulée Le combat pour la vérité qui est considéré comme son chef d’oeuvre.

Max Brod a passé la seconde moitié de sa vie en Israël où il s’était réfugié en 1939 face au danger nazi. Il y a poursuivi ses activités culturelles et théâtrales et y est mort en 1968 âgé de 84 ans. C’est son nom que l’Association Franz Kafka de Prague a donné à un concours pour jeunes essayistes auquel ont participé depuis 17 ans 2 000 jeunes écrivains.

(Nous vous parlerons plus en détail de Max Brod et de son oeuvre, ce samedi, dans la rubrique « Rencontre littéraire ».)