Interrogations de l’Eglise catholique tchèque

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Les affaires de pédophilie qui secouent l’Eglise catholique dans de nombreux pays du monde trouvent un large écho, aussi, en République tchèque, même si pour l’heure aucun scandale similaire ne touche les milieux catholiques du pays.

Dans une récente interview, accordée à la télévision tchèque, le cardinal et primat sortant Miloslav Vlk a essayé de donner une explication à ce phénomène :

« Ces scandales ont un bien-fondé. Notre époque qui est hyper-sexualisée, a des retombées sur toutes les sphères de la société, sur toutes les catégories de la population. Il va de soi qu’elle touche, aussi, le clergé. C’est en cela que réside selon moi la cause principale de ces scandales qui doivent être traités ouvertement et résolument. »

La formation à une nouvelle morale sexuelle des futurs prêtres se présente selon lui comme une des tâches impératives, dans laquelle théologiens, psychologues, psychiatres ou sexologues devraient être impliqués.

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Les affaires sont-elles en rapport avec le célibat ? Telle est la question qui est, comme on le sait, très souvent posée dans ce contexte. Jan Graubner, président de la Conférence épiscopale tchèque ne voit pas de lien direct entre les deux. Cette hypothèse est soutenue également par le prêtre universitaire populaire, Tomáš Halík, qui trouve en outre peu correct que l’on considère l’abus sexuel des enfants comme « une spécificité catholique. » Le nouveau primat tchèque Domink Duka signale dans un de ses textes récents que « ces événements déplorables ne devraient pas aboutir sur l’annulation du célibat. »

Des histoires de pédophilie ont jusque-là évité l’Eglise catholique tchèque. Le cardinal Vlk :

« Chez nous, pendant mes vingt ans de fonctions, je n’ai jamais rencontré un cas d’abus sexuel. Sous le communisme, dans les années 1960, 1980, une époque où beaucoup de cas sont apparus à l’étranger, il n’y avait pas chez nous d’écoles ou d’autres établissements religieux où cela aurait pu se passer. Comme il y avait une grande pression de la police d’Etat, les prêtres étaient beaucoup plus prudents. A l’heure actuelle, dans mon diocèse aucun cas pareil n’a été identifié. »

Dans les pages d’une des récentes éditions du quotidien Mladá fronta dnes, le psychiatre Max Kašparů, auteur de livres spirituels, s’interroge sur la cote de l’Eglise dans l’Europe d’aujourd’hui au moment où une grande partie de sa population a du mal « à entendre la voix de l’Evangile, étant en revanche très attentive à ses scandales. » Il constate : « Après les affaires dont l’Eglise fait l’objet et qui s’amplifient, il y aura de moins en moins de personnes à la comprendre. Si elle ne commence pas à se comporter de façon ouverte et honnête, non seulement vis-à-vis du monde, mais surtout vis-à-vis d’elle-même, il n’y aura plus personne à la comprendre et à la juger véridique. »