La fête nationale des apôtres Cyrille et Méthode

Cyrille et Méthode
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Bienvenue sur Radio Prague, à l'écoute d'un programme spécial : en Tchéquie, le 5 juillet est la fête nationale des apôtres Cyrille et Méthode. Elle ravive la mémoire des deux frères érudits venus, vers 863, de Salonique dans l'Etat de Grande Moravie pour y réaliser une oeuvre d'évangélisation. Pourquoi leur mission est-elle commémorée encore 1142 ans après ? Les saints Cyrille et Méthode ont apporté dans notre pays la première traduction de la bible dans une langue slave et jeté les fondements d'une nouvelle liturgie slave. Bien que celle-ci n'ait pas été adoptée pour toujours par notre pays, plus proche de la liturgie chrétienne occidentale, l'empreinte des deux saints slaves est restée vivante dans notre Eglise et notre culture. En 1980, le pape Jean-Paul II a proclamé les saints Cyrille et Méthode co-patrons de l'Europe.

La mission des apôtres de l'antique Thessalonique /l'actuelle Grèce,/ était liée avec l'existence de la première formation étatique commune des Tchèques et des Slovaques sur notre territoire - la Grande Moravie, créé en 863. Face aux conquêtes expansionnistes des Francs germaniques, les princes moraves cherchaient un appui auprès du puissant Empire romain de Byzance. Suite à une requête du prince Rostislav adressée à l'empereur byzantin, Michel III, on choisit deux frères érudits, Cyrille et Méthode, qui acceptèrent de se rendre, probablement dès 863, de Salonique en Grande Moravie. Bien préparés à leur tâche, ils ont apporté les textes de la sainte Ecriture traduis par eux en vieux slave et écrits avec un alphabet nouveau, conçu par Cyrille et parfaitement adapté à la phonétique de cette langue. L'activité missionnaire des deux frères a connu du succès, mais aussi des difficultés. Car les débuts de la christianisation en Grande Moravie étaient liés à une mission antérieure, celle de l'épiscopat bavarois, réalisée sur l'injonction de Charlemagne après la défaite des Avares, en 796. Les textes religieux fondamentaux avaient été traduits dans le dialecte des Slaves occidentaux par les prêtres bavarois, déjà au début du IXe siècle. Ainsi, déjà de la vie des deux frères, un conflit entre les deux rites - occidental et oriental - se manifestait.

L'alphabet cyrillique
Pendant leur séjour en Grande Moravie, Cyrille et Méthode ont rédigé le premier code civil slave « Zakon sudnyj ljudem » connu aussi sous le nom de « Nomokanon. » Cyrille a inventé pour l'usage des Slaves l'écriture glagolitique, appelé d'après lui alphabet cyrillique. Plus tard, il a traduit les Evangiles, les Epîtres du Nouveau Testament et les Actes des Apôtres de même qu'une partie des Psaumes. De son côté, Méthode a fini la traduction du grec en vieux slave de l'Ancien Testament. Au Moyen-Age, c'était la seule traduction de la Bible dans une langue nationale. Les deux frères ont accompli leur mission en 867: la bible, les textes liturgiques, de même que des traités juridiques ont été trancrits en écriture cyrillique et le vieux slave est devenu une langue de la liturgie chrétienne.

Sous le règne du puissant prince, Svatopluk, l'essor de l'Empire de Grande Moravie a atteint son apogée: à l'ouest, son empire s'étendait jusqu'à la Lusace, tandis qu'à l'est, c'était toute la Slovaquie occidentale et une partie du territoire de Pannonie, une région sur le Danube. Hélas, cet essor n'a pas duré longtemps...

Après la mort de Méthode, le 6 avril 885, les problèmes au sein de la Grande Moravie culminent. L'attachement à la liturgie slave provoquait, déjà de sa vie, des litiges avec l'épiscopat bavarois. Dans l'espoir d'atténuer ces conflits, le prince Svatopluk interdit la liturgie slave et chasse les disciples de Méthode du pays. Ceci n'a cependant pas pu détourner l'éclatement de son Empire : Après 906, les sources historiques ne font plus mention de la Grande Moravie.

Il n'empêche que la mission des saints Cyrille et Méthode a laissé une empreinte durable sur notre territoire : que ce soit sous forme de coexistence parallèle, pendant des siècles à venir, de la liturgie latine occidentale et slave orientale, ou dans les manuscrits et chants anciens, sans oublier leur influence sur la construction des monastères et églises fidèle à la tradition byzantine. Ainsi, mentionnons le monastère de Sazava en Bohême centrale, fondé en 1032. Sous le règne de Charles IV, la liturgie slave est renouvellée avec l'autorisation du pape Clément VI au monastère bénédictin d'Emaüses qui sera, pendant longtemps, l'unique endroit où ce rite est permis. Le hussitisme et la Contre-Réforme se montreront favorables à l'idée cyrilométodienne, en appuyant sur elle la communion sous les deux espèces. Des enclaves de la culture slave orientale se trouvent à Rajhrad, à Veliz, à Ostrov. Après que la fête des deux frères eut été étendue, en 1880, à toute l'Eglise catholique romaine, c'est Velehrad, autrefois siège politique et administratif de la Grande Moravie, qui devint le centre de la tradition cyrilométodienne.