La grève de la faim anticommuniste se poursuit

Cela fait maintenant plus de six mois qu’une chaîne de grève de la faim anticommuniste a débuté en République tchèque. Initiée par un groupe d’étudiants et reprise par une plateforme citoyenne, son objectif est de rappeler les centaines de victimes du régime communiste tchécoslovaque afin de contrer le retour au premier plan du Parti communiste de Bohême-Moravie dans les affaires politiques. Sans réel résultat pour le moment, comme nous l’explique Julien Morice.

Le jeudi 11 juillet, dans la cour d’un monastère franciscain près de la place Venceslas, des activistes de la plateforme citoyenne Bezkomunistů.cz se sont rassemblés pour tirer un bilan des six premiers mois de la grève de la faim entamée au début de l’année.

Petr Marek, le directeur de l’association retrace l’origine de cette initiative :

Petr Marek,  photo: CT24
« La grève de la faim a commencé le 7 janvier dernier à travers une initiative d’un groupe d’étudiants de Bohême du Sud pour protester contre la présence des communistes au sein du gouvernement régional. Une des raisons principales était aussi l’obtention par ces derniers du portefeuille de l’éducation. L’initiative s’appelait « Les communistes n’ont pas leur place au gouvernail » et nous l’avons prolongé au niveau national. »

Ce mercredi, une 191ème victime du communisme a été honorée par un nouveau jour de grève de la faim. Les activistes se relaient un par un chaque jour afin de poursuivre la chaîne du jeûne. L’objectif est donc de protester contre la présence de membres du parti communiste dans certaines administrations régionales gouvernées par le parti social-démocrate. Les manifestants considèrent que la présence des communistes dans les instances politiques devrait être interdite car ils portent l’héritage d’un régime qu’ils considèrent comme meurtrier. Quelques personnalités célèbres se sont elles-mêmes privées de nourriture le temps d’une journée, parmi lesquelles figure l’actrice Barbora Hrzánová. Cette dernière explique ses motivations :

Barbora Hrzánová,  photo: CT24
« Pour moi c’est facile parce que ma position est simple et claire depuis mon enfance, je suis anticommuniste. Le mot anticommuniste dans notre société est perçu de manière assez péjorative. Etre antifasciste, c’est normal mais se déclarer anticommuniste, c’est un peu étrange. Je pense que chaque initiative rappelant le comportement criminel du Parti communiste tchécoslovaque auquel a succédé le Parti communiste de Bohême-Moravie est bonne. Le Parti communiste continue ses activités sans se repentir, et je ne peux pas accepter que ses membres puissent accéder à des postes de responsabilité.»

Selon ses organisateurs, l’un des buts essentiels du jeûne est de sensibiliser les sociaux-démocrates face au danger d’une collaboration accrue avec les communistes, même si le leader du Parti social-démocrate Bohuslav Sobotka exclut toute coalition avec ces derniers après la très probable victoire de ses troupes aux prochaines élections législatives de mai 2014. Cependant, l’écho de cette initiative ne semble pas suffisant pour changer la donne politique actuelle même au niveau régional. Le gréviste de la faim Radan Běhoun analyse avec recul le faible impact de l’initiative :

Radan Běhoun,  photo: CT24
« Le fait que nous n’ayons pas de résultats immédiats pour le moment ne signifie pas que nous devrions nous résigner, parce que c’est la patience qui est la plus importante dans ce combat. »

Cette chaîne de grève de la faim ne lésine pourtant pas sur les symboles. Dans certains cas, des périodes spécifiques de commémoration sont décrétées. En juin, la grève de la faim a honoré les enfants morts dans les prisons du régime communiste. Le mois prochain, les victimes de l’occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie en 1968 seront commémorées ainsi que les manifestants tués en août 1969 par les forces de sécurité intérieure lors de la période de la normalisation.