La Mégère a été apprivoisée à Prague

La Mégère apprivoisée au Théâtre national de Prague, photo: CTK

La fameuse comédie de William Shakespeare, La Mégère apprivoisée, est à voir, depuis jeudi dernier, au Théâtre national de Prague. Il ne s'agit pas de l'oeuvre dramatique, mais de son adaptation au ballet, signée du chorégraphe britannique John Cranko. Magdalena Segertova a assisté à la première...

La Mégère apprivoisée au Théâtre national de Prague,  photo: CTK
C'est peu dire que Catherine, la fille d'un gentilhomme de Padoue, est acariâtre. Ce n'est pas une femme, c'est une catastrophe. Et encore plus pour un homme. L'énergique Petrucchio est le seul qui arrive à briser son orgueil, à la transformer en une épouse parfaite, bref, à l'apprivoiser...

En 1969, John Cranko, une légende de la chorégraphie mondiale, adapte la comédie de Shakespeare pour le ballet de Stuttgart, en Allemagne. Tout au long des années soixante, Cranko y monte, avec un succès énorme, une série de ballets, dits "épiques", dramatiques : Roméo et Juliette, Eugène Onéguine, Le lac des cygnes, Carmen, Poème de l'extase... et, enfin, La Mégère apprivoisée. Le ballet fait sensation et, depuis, figure aux répertoires des scènes européennes, américaines, australiennes... Il est plutôt rare que des éclats de rire fassent bouger la salle, lors d'un ballet. Il est plus rare encore que des danseuses éthérées gesticulent vivement, crachent, trépignent de rage, donnent des gifles, fassent des croche-pied à leurs amants, que des couples ne se querellent pas, mais se battent directement. Effectivement, La Mégère apprivoisée est un ballet comique qui n'ennuie pas une seconde. On y trouve tout : des gags, de la pantomime, de l'acrobatie, une musique envoûtante de Kurt-Heinz Stolze, inspirée des sonates du compositeur italien, Domenico Scarlatti.

Derrière la bouffonnerie, se cache un travail impressionnant de danseurs et de chorégraphes. "Danser dans une chorégraphie de Cranko, c'est une « marque de qualité » pour le danseur, dit l'un des trois Petrucchios pragois, le Russe Alexander Katsapov. Et l'une des trois Catherines, Zuzana Susova, ajoute : "Pour moi, ce fut un grand défi. Jusqu'à présent, je dansais des rôles lyriques. Mais Catherine, c'est un vrai dragon. Elle terrorise tout le monde par son tempérament. Je me suis éclatée !"

Jeudi soir, les solistes du Théâtre national, ainsi que les chorégraphes étrangers, successeurs de John Cranko, ont recueilli des bravos enthousiastes. Une chose est certaine : un spectacle ludique, qui réchauffe les coeurs dans la salle et sur la scène, a vu le jour à Prague...

Auteur: Magdalena Segertová
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