La police tchèque aura-t-elle deux présidents ?

Petr Lessy, photo: Filip Jandourek, ČRo

Après un an d’enquête, le Tribunal municipal de Prague a suspendu hier les poursuites pénales à l’encontre de Petr Lessy, l’ancien directeur de la police tchèque, limogé le 29 août 2012 suite à une accusation pour calomnie et abus de pouvoir. Innocenté lors des premières investigations en mai dernier, l’affaire avait été rouverte par le procureur de la République et transmise à une juridiction supérieure. Bientôt acquitté, Lessy annonce vouloir reprendre sa fonction de chef de la police. Problème, un remplaçant lui a déjà succédé à ce poste, Martin Červíček et il est difficile d’imaginer une police avec deux présidents.

Petr Lessy,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
L’ancien chef de la police, Petr Lessy, a été accusé d’avoir livré aux médias des documents confidentiels témoignant des liens avec le crime organisé de deux de ses collègues de la région de Zlín. Ces derniers ont porté plainte contre leur supérieur et le ministre de l’intérieur de l’époque, Jan Kubice, s’est empressé de le limoger en août dernier. Des soupçons pesaient alors sur une éventuelle volonté politique du gouvernement de Petr Nečas d’étouffer une affaire de corruption en écartant Petr Lessy. Depuis, procès, nouvelles accusations et appels se sont succédés, jusqu’à aboutir, ce mardi, à une sentence finale du Tribunal, prononcée à huis clos : la poursuite pénale de Petr Lessy est suspendue. Le verdict officiel devrait tomber d’ici quelques jours.

Petr Lessy, qui n’a cessé de clamer son innocence, compte reprendre ses fonctions à la tête de la police tchèque, dès que le verdict final l'aura définitivement acquitté.

« L’annulation de l’acte juridique implique que je retrouve mes fonctions de président de la police. »

Martin Pecina,  photo: Archives de Radio Prague
Et c’est effectivement ce que prévoit le cadre législatif en vigueur. Cependant, la question se pose de savoir ce qu’il adviendra de son successeur, le chef de la police actuel, Martin Červíček. C’est au ministre de l’Intérieur du gouvernement intermédiaire, Martin Pecina, de s’occuper de ce problème délicat :

« Effectivement, nous devrons rétablir la situation, le problème c’est que depuis, un nouveau président de la police a été nommé. C’est pourquoi il faut également s’arranger avec lui. »

Le corps policier tchèque aura-t-il donc deux présidents ? Bien que tous les médias tchèques soulèvent la question, cette possibilité est jugée insatisfaisante par Petr Lessy :

« Je considère qu’une telle situation serait défavorable pour tout le corps policier. Je vais tout d’abord exposer mon point de vue au ministre de l’Intérieur. Mais il faut également attendre la réaction de mon successeur au poste de président de la police, M. Červíček. Si je me rappelle bien les propos officiels qu’il a prononcés après ma destitution, il avait lui-même accepté cette fonction de façon provisoire, en attendant que le procès soit résolu. »

Martin Červíček,  photo: Elena Horálková,  ČRo
Martin Červíček ne s’est pas encore exprimé devant les médias. Il attend, tout comme le ministre Pecina, le verdict final et contraignant du Tribunal municipal de Prague. Toutefois, une solution a d’ores et déjà été évoquée par les médias au sujet du chef de la police actuel. Il pourrait être promu au grade de général de brigade et affecté à Bratislava.