«La recherche de l’Est »: l’art contemporain rend hommage à la musique techno

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Une exposition intitulée « Looking for the East » - « La recherche de l’Est » - a été ouverte au public en fin de semaine dernière à la MeetFactory, le principal centre d’art contemporain à Prague. Radio Prague a rencontré sa créatrice, Gaëlle Cressent, artiste plasticienne, ainsi que Groove Addiction, musicien. Ces deux artistes français ont choisi la République tchèque pour mettre sur pied, ensemble, un projet artistique très moderne, alliant arts visuels et musique techno.

Immergés dans la galerie Kostka (Le Cube, en français), dans une obscurité presque totale, les spectateurs sont entourés de trois murs de sons qui diffusent une musique jouée en live par Groove Addiction. Chaque mur de son est recouvert de miroirs souples qui reflètent l’image du public et interagissent avec la musique. Gaëlle Cressent nous a expliqué le symbole de cet œuvre en quelques mots:

« A chaque fois que le son est joué, le miroir vient vibrer dessus. Il renvoie forcément les spectateurs aussi, déforme leur propre image. Et c’est ce jeu-là aussi: perturber un peu les codes où, logiquement, quand on est dans ce genre d’évènements, le public s’oublie. On est soi-disant réunis, mais en fait chacun est dans sa bulle. Là, j’avais envie de les confronter un peu à leur propre image, et voir ce qui se passait. »

Pour Gaëlle Cressent, « La recherche de l’Est » représente la voie vers un lieu utopique qui n’existerait pas, puisque chaque peuple serait toujours à l’Est d’un autre.

Gaëlle Cressent,  photo: MeetFactory
C’est d’ailleurs cette recherche de l’Est qu’a voulu accomplir le mouvement « Traveler Techno » auquel l’artiste plasticienne rend hommage. Les membres de ce mouvement ont en effet décidé, à la fin des années 90, de reprendre une vie nomade, en partant sur les routes à la recherche de nouveaux festivals, notamment en quittant le Royaume-Uni, ou la France, pour la République tchèque. C’est à ce mouvement musical que Gaëlle Cressent fait beaucoup référence dans son exposition ; un mouvement dont elle explique ce qu’il est et pourquoi elle l’a choisi :

« Je ne suis pas une professionnelle non plus, je n’ai pas du tout fait partie moi-même de ce mouvement-là, je ne suis qu’une consommatrice de la fête techno. Je voulais beaucoup parler d’utopie et de territoires utopiques par rapport à la techno, au mouvement traveler de la fin des années 90. Ils n’ont eu de cesse, pour moi, de rechercher de nouveaux territoires... Ils ont eu un mouvement assez global d’aller vers l’Est, et beaucoup plus loin même que l’Est, dans lequel on est aujourd’hui en République tchèque. Ils sont allés jusqu’en Inde pour organiser des événements, trouver de nouveaux lieux et toucher plus de monde encore. Donc, pour moi, c’était à la fois un hommage à ce mouvement-là et une recherche complètement utopique d’un lieu qui n’existe pas. On pourra toujours chercher l’Est, car où qu’on soit, l’Est est ailleurs. »

Groove Addiction,  photo: MeetFactory
Le musicien Groove Addiction a fait partie de ces voyageurs. Il dit être allé « très, très loin dans la chose », en suivant la trace des précurseurs du mouvement « Traveler Techno ». Il a décidé de partir en bus jusqu’en Tchéquie, pays qu’il a découvert par le biais de ses nombreux festivals. Il nous a donc livré sa passion pour la musique techno, particulièrement en République tchèque :

« La liberté. Il y avait la liberté de faire, de pouvoir organiser des évènements sans avoir la police ni aucune répression. On peut louer des endroits et louer des sites ici. C’est assez exceptionnel. Il y a très peu de pays en Europe où on peut le faire, et la République tchèque est un peu à part car il y a encore un esprit de liberté. C’est ce qui m’a plu au début, et si je suis arrivé à Prague, c’était pour ça : la facilité. »

Il est vrai que la Tchéquie continue de générer une scène techno importante. Légale ou illégale, dans une discothèque ou une rave party, elle rassemble toujours autant. Parmi cette scène tchèque, il y a par exemple Cirkus Alien, que nous vous proposons d’écouter le temps d’un court extrait, avant d’aller faire un tour à la MeetFactory, jusqu’au 19 février.