La réplique d’un voilier corsaire du XVIIe siècle bâtie par des Tchèques

La Grace, photo: Filip Koubek & Josef Dvorský jr, www.lagrace.cz

Une équipe de passionnés de vieux bateaux a construit une réplique d’un voilier du XVIIe siècle, commandé par le premier capitaine tchèque, Augustin Heřman. Une réplique qui a été mise à l’eau avec succès, à Suez, en Egypte, au début de la semaine.

La Grace,  photo: Filip Koubek & Josef Dvorský jr,  www.lagrace.cz
Les Tchèques ont beau ne pas avoir de mer, on sent souvent chez eux comme une nostalgie, un manque cruel de ne pas avoir cette ouverture sur le monde. Certains vont au devant de ce manque, comme le capitaine Josef Dvorský et son équipage. Comment est né ce projet de construire une copie d’un bateau de corsaires du XVIIe siècle, c’est ce qu’a confié Josef Dvorský à notre collègue de la rédaction anglaise, Jan Velinger :

« Cela fait longtemps que je fais du bateau en tant que capitaine. Les bateaux historiques m’ont toujours fait rêver. Un groupe de personnes enthousiastes s’est créé autour de moi. En 2006, nous avons participé à une course de bateaux historiques et c’est là que nous avons décidé de construire une voilier. Nous nous sommes dit que notre petite république au coeur de l’Europe devait avoir un bateau-école comme celui-ci. »

Parce qu’à côté du plaisir d’avoir construit à l’identique un voilier historique, le voilier, appelé La Grace, va servir à entraîner de jeunes cadets ou encore pourra être loué par des touristes en mal d’aventures. Ou bien pour des tournages de films. Si l’extérieur est historique, l’intérieur est donc parfaitement aménagé d’un équipement moderne et sécurisé. Josef Dvorský évoque la construction :

Josef Dvorský  (à droite),  photo: Filip Koubek & Josef Dvorský jr,  www.lagrace.cz
« La construction en tant que telle a duré pile deux ans. Je peux dire que c’est un record mondial parce que ce type de bateau se construit d’habitude en moyenne de 4 à 8 ans. La partie en bois du bateau a été construite par des ouvriers arabes, à Suez, parce qu’ils savent construire des bateaux en bois. Le reste du travail, plus spécialisé a été confié à des Tchèques et des Slovaques. Nous avons fait le travail ensemble. Evidemment les plans ont été faits pendant trois ans avant le début de la construction : il a fallu chercher dans les archives et également des financements. »

Le voilier d’origine avait été acheté par un Tchèque, Augustin Heřman. Celui-ci avait quitté la Bohême pour s’installer en tant que marchand à la Nouvelle Amsterdam, mieux connue aujourd’hui sous le nom de New York. Employé par le gouverneur hollandais de la Nouvelle Amsterdam, il fait fortune en tant que corsaire, attaquant à de nombreuses reprises avec La Grace des vaisseaux espagnols pour en récupérer la cargaison. Josef Dvorský :

La Grace,  photo: Filip Koubek & Josef Dvorský jr,  www.lagrace.cz
« Nous avons cherché une grande personnalité de l’histoire maritime tchèque ce qui n’est pas simple puisque nous n’avons pas une histoire importante en raison de notre situation géographique. Nous étions intéressés par l’époque de la piraterie et nous sommes tombés par hasard sur Augustin Heřman qui avait émigré en Hollande avec sa famille. Il a fini par faire l’acquisition de La Grace qui est devenue aussi un bateau corsaire : outre un commerce légal entre les Caraïbes et l’Amérique puis l’Europe, avec de l’indigo et du tabac, il a organisé de nombreuses expéditions de corsaire, avec l’aval du gouverneur. »

Le voilier de 32 mètres de long, 6 mètres de large et 25 mètres de haut, a été mis à la mer en début de semaine à Suez en Egypte : tout l’hiver, l’équipage va tester son fonctionnement et sa résistance en Mer Rouge, avant de partir en direction de la Grèce au printemps, puis des Caraïbes à l’automne.

Auteurs: Anna Kubišta , Jan Velinger
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