Le centre autogéré Klinika a été évacué

Photo: ČTK/Vít Šimánek

L’évacuation du centre autogéré Klinika, dans le IIIe arrondissement de Prague, a commencé jeudi, sous la houlette des huissiers. Seule une partie du bâtiment a toutefois été évacuée, la plupart des activistes présents sur place refusant de quitter les lieux. Retour sur l’histoire mouvementée de ce centre social autonome.

Photo: ČTK/Vít Šimánek
C’est par un happening musical et non-violent que les bénévoles ont accueilli l’huissier venu les déloger jeudi matin. Au micro, un jeune activiste rappelle que Prague a déjà connu ce type d’interventions, notamment dans le célèbre squat Milada il y a quelques années.

Dans un autre micro, après avoir renoncé à passer par l’entrée principale bloquée par les manifestants, l’huissier explique aux personnes rassemblées que lui et son équipe s’apprêtent à rentrer dans le bâtiment par les côtés, et à procéder à la saisie. Le ton monte.

Finalement, l’huissier sera parvenu à accomplir une partie de sa mission, la suite de l’évacuation se poursuivant ce vendredi.

Si les activistes n’ont pas voulu céder à la pression jeudi, souhaitant exprimer leur mécontentement par une résistance passive, ils ont fini par quitter le bâtiment vendredi matin, laissant place aux hommes d’une agence de sécurité chargés de sécuriser le bâtiment.

ČTK/Roman Vondrouš
Pour les bénévoles qui gèrent Klinika, c’est la fin d’une aventure entamée en 2014. Occupant d’abord de manière illégale cette ancienne polyclinique abandonnée depuis 2009, ils ont ensuite réussi à obtenir un contrat autorisant son usage gratuit. Motivés pour entretenir les locaux en mauvais état, ils ont transformé le bâtiment en en faisant un centre social et culturel, proposant différentes activités parmi lesquelles débats, projections de films, cours de langue, ou encore des collectes de vêtements en faveur des réfugiés.

En 2016, le centre autogéré Klinika avait même reçu le Prix František Kriegel décerné chaque année par la Fondation de la Charte 77 pour le courage civique dans le domaine de la défense des droits de l’homme et des valeurs démocratiques.

L’évacuation des locaux a finalement été demandée par l’Administration des voies de chemin de fer (SŽDC), qui est propriétaire du bâtiment. Cette autorité dit vouloir récupérer l'édifice pour l'usage de ses employés. Mais les bénévoles du centre Klinika sont sceptiques, comme en témoigne un de ses membres, Jakub Ort :

ČTK/Roman Vondrouš
« Il y a de fortes chances que ce bâtiment se retrouve avec le même destin que Milada qui à ce jour, continue à se détériorer. C’est vraiment dommage selon nous. »

L’Administration des voies de chemin de fer affirme vouloir restaurer le bâtiment, mais il faudra sans doute du temps, avant qu’un appel d’offres ne détermine quelle entreprise s’en chargera et avant d’obtenir les autorisations nécessaires.

Une note d’espoir peut-être, pour les bénévoles du centre : le nouveau maire de Prague, Zdeněk Hřib, issu du Parti pirate, avait toutefois fait savoir mercredi qu’il était prêt à discuter avec eux d’un autre lieu destiné à leur activités culturelles et sociales, en échange de quoi il leur demandait de quitter le centre Klinika. L’avenir dira si cette promesse sera tenue ou non.