Le ministre des Finances annonce des changements dans les conseils de surveillance de certaines entreprises publiques

Jan Fischer, photo: ČTK

Le nouveau ministre des Finances, Jan Fischer, entend procéder à différents changements dans les conseils de surveillance de plusieurs entreprises contrôlées majoritairement par l’Etat. L’ancien ministre de la Défense Alexandr Vondra et l’ancien député Marek Šnajdr, tous deux membres du parti démocrate civique (ODS), devraient ainsi quitter leurs fonctions respectives au sein de Český Aeroholding et de Čepro. Alexandr Vondra et Marek Šnajdr, comme un autre ancien député ODS Ivan Fuksa ou l’ancien ministre délégué Zdeněk Zajíček, avaient obtenu ces postes il y a quelques mois en échange de l’abandon négocié avec l’ancien Premier ministre Petr Nečas de leurs fonctions au sein du gouvernement ou à la Chambre basse.

Jan Fischer,  photo: ČTK
Dimanche midi, le ministre des Finances a choisi la Télévision tchèque pour annoncer le départ des deux membres de l’ODS de leurs fonctions auprès de Český Aeroholding et de Čepro dès le mois de septembre 2013:

« Ils ne représentent pas l’Etat et ne sont pas dotés de compétences qui pourraient être valorisées dans des fonctions en rapport avec les droits des actionnaires au sein du conseil de surveillance. »

Les réactions ne se sont pas faites attendre au sein de la classe politique. L’ancien ministre des Finances, du parti TOP 09, Miroslav Kalousek a ironisé en estimant que le qualificatif d’expert dans le gouvernement intérimaire dirigé par Jiří Rusnok désigne une personne qui a été membre du parti communiste avant 1989 et qui l’a quitté après 1989, dans les deux cas pour satisfaire des ambitions personnelles.

Jan Fischer est accusé de céder à de basses manœuvres politiciennes ainsi qu’à des intérêts qui iraient à l’encontre de ceux de l’Etat. Pour rappel, Miroslav Kalousek avait adressé un message à son successeur, le 10 juillet dernier, à propos des pressions exercées par les entreprises privées sur celles contrôlées par l’Etat :

Miroslav Kalousek,  photo: ČTK
« J’ai mis en garde le ministre des Finances à propos des fortes pressions exercées par Lukoil Air, qui aimerait parasiter les entreprises contrôlées entièrement par l’Etat comme Čepro ou l’Aéroport de Prague et dont L’Etat se porte garant au niveau des réserves financières. J’espère que mon successeur ne fera aucun compromis face à ces pressions comme moi je n’en ai pas faits. »

Concernant le parti Affaires publiques (VV), les réactions à l’annonce de Jan Fischer sont nettement plus favorables. La présidente du club parlementaire, Kateřina Klasnová, estime qu’elle ne peut être que d’accord avec cette décision. Selon elle, les postes au sein des conseils de surveillance ne devraient pas être attribués en échange de bons services à des politiques à la retraite. Elle pense également qu’un changement ne nuira pas aux intérêts des deux entreprises concernées.

 Alexandr Vondra,  photo: Barbora Kmentová
Du côté des personnes directement concernées, Alexandre Vondra admet que l’Etat a le droit de choisir ses représentants. L’ancien ministre de la Défense du gouvernement Nečas avait été impliqué dans l’affaire ProMoPro, un marché public au montant surévalué durant la présidence tchèque de l’Union européenne en 2009. Il estime qu’il n’a pas à rougir de quoi que ce soit. Il rappelle que, sous son mandat, Czech Airlines - ČSA a été partiellement racheté par Korean Air, qu’une piste de l’aéroport est en cours de réparation et que les compagnies aériennes sont en meilleure situation financière qu’il y a peu de temps.

Cette annonce de Jan Fischer ne risque certainement pas d’apaiser le climat politique général et il est à prévoir que l’ODS et TOP 09 mettent tout en œuvre pour s’attaquer au gouvernement de Jiří Rusnok et que le parti social-démocrate tchèque (ČSSD) en profite pour continuer à appeler à des élections législatives anticipées.