Le président Klaus impose son véto sur la loi des jeux d’argent et de hasard

Il y a moins d’un mois, le Sénat entérinait une modification de la loi sur les jeux de hasard et d’argent qui devait offrir plus de prérogatives aux municipalités dans la gestion des nombreux casinos et autres établissements de jeux de hasard qui garnissent les rues des villes tchèques. Prête à entrer en vigueur le 1er juillet prochain, la nouvelle loi a pourtant définitivement terminé son parcours législatif avec le véto, cette semaine, du président de la République Václav Klaus.

Le véto du président à cet amendement à la loi a été sans aucun doute une mauvaise surprise pour nombre de conseils municipaux tchèques. Avec cette modification de la loi, ils pensaient pouvoir enrayer, ou du moins contrôler, la croissance exponentielle en République tchèque des casinos et autres salons de jeux souvent un peu louches dans lesquels sont engouffrés chaque année plus d’une centaine de milliards de couronnes. L’amendement permettait par exemple aux municipalités de déterminer l’emplacement de ces casinos dans leur ville, ou encore d’avoir un droit de regard sur les machines à sous vidéo, qui engloutissent encore plus d’argent que les machines à sous traditionnelles, et qui étaient du ressort seulement du ministère des Finances. A l’annonce de l’approbation du Sénat de cet amendement, certaines sociétés de jeux de hasard, et notamment la plus importante d’entre elles, Sazka, envisageaient de quitter le marché tchèque. Elles peuvent à nouveau dormir tranquille.

Václav Klaus
Pour Václav Klaus, cet amendement à la loi entraînait plus de problèmes qu’il n’en résolvait. C’est ce qu’explique Ladislav Jakl, secrétaire du président de la République :

« La loi ne permettait pas de financer avec les revenus des jeux de hasard des organisations à but non lucratif autour du sport, de la culture ou de la santé. Le président a considéré des analyses et des plaintes qu’il a reçues de toutes les organisations sportives, ainsi que d’institutions culturelles importantes comme le Théâtre national ou la Galerie nationale. Parce que toutes ces institutions perdaient ainsi une part de ses revenus. Tout ceci constitue la première raison pour laquelle le président a décidé d’apposer son véto. »

Daniel Volák
Autre raison, la présidence invoque l’arbitrage des municipalités qui se seraient retrouvées avec un réel pouvoir de décision quant à l’implantation, ou non, de ces établissements sur leur territoire. En clair, c’est le risque de corruption des élites locales qui est évoqué, ce que rejette Daniel Volák, le maire de la commune de Litvínov :

« Je rappelle que cette argumentation est celle utilisée par les lobbyistes des jeux de hasard. Les maires sont avant tout guidés par la volonté de réduire les phénomènes négatifs engendrés par les jeux de hasard comme l’augmentation généralisée de la criminalité, la drogue, l’embrigadement des jeunes devant les terminaux vidéo, le tapage nocturne, l’éclatement des familles et les tragédies personnelles. Et tout cela, le contrôle ou la régulation au niveau local pourraient le résorber. »

Pour Ladislav Jakl, le véto du président sur cet amendement n’empêche en rien le parlement qui va entrer en fonction de réfléchir à une nouvelle loi. En attendant, avec le début de la Coupe du monde de football, les sociétés de jeux d’argent prévoient la somme record d’un milliard de couronnes dépensée par les Tchèques dans les paris.