Les Big Brother Awards épinglent le ministère de la Santé et les caméras des transports publics praguois

Les Big Brother Awards sont des prix décernés chaque année à des instances publiques ou des entreprises privées, qui représentent une menace pour la vie privée et la protection des libertés individuelles. Mercredi, une cérémonie au Théâtre Archa a désigné les « vainqueurs » de l’année 2011 en République tchèque.

Cette année, les Big Brother Awards ont distingué notamment le ministère de la Santé, épinglé pour le traitement des données personnelles des patients dans les dossiers médicaux. Autre institution montrée du doigt : le Bureau des statistiques tchèques pour sa grande opération « recensement 2011 », accompagnée de nombreuses zones d’ombres sur le traitement des données qui inquiètent les défenseurs des libertés individuelles. Enfin, troisième larron de cette équipée : l’entreprise des transports publics pragois qui, tous les jours, observe grâce à un système de caméra surveillance perfectionné le million et quelque de passagers qui les emprunte. Kateřina Hlatká, porte-parole de l’association Iuridicum Remedium qui organise les Big Brother Awards en République tchèque :

Kateřina Hlatká
« Les gens ont le droit de voyager de manière anonyme. Il n’y a aucune raison de suivre un individu et d’enregistrer quand il prend les transports et quel est son trajet. »

Les caméras sont, pour des raisons évidentes, l’incarnation de ce que signifie la violation des libertés individuelles et de la vie privée. Dans le livre de George Orwell, 1984, chaque citoyen est surveillé par le dictateur Big Brother. Les prix éponymes visent à tirer la sonnette d’alarme quand la surveillance n’est plus dans l’intérêt des citoyens et de leur sécurité, mais peut au contraire devenir elle-même une menace. Et en effet, les forces de police justifient la présence de caméras comme une prévention contre le crime. Pavla Kopecká, porte-parole de la Police tchèque :

« Elles aident à élucider certains crimes sur des personnes ou sur des biens. Elles sont une aide dans les cas de meurtre ou de violences. »

Sauf que pour l’Institut de protection des données personnelles, il n’est pas clair du tout dans quelle mesure leur présence est véritablement effective. Et surtout, celui-ci craint leur multiplication incontrôlée et injustifiée. Hana Štěpánková, de l’Institut de protection des données personnelles :

« On ne parle que d’un seul cas où l’on utilise les caméras, c’est-à-dire la police. Mais les caméras, dont les prix sont de plus en plus bas, sont utilisées dans bien d’autres endroits. Elles sont par exemple installées dans les écoles ou dans les piscines. Donc la protection des biens est soumise à la même juridiction que la protection de la vie privée. Seulement il faut que ces règles soient établies, et celles qui existent sont partielles. »

Pour ce faire, l’Institut de protection des données personnelles appelle sans relâche à une plus grande régulation afin d’éviter un « flicage » des citoyens tous azimuts. D’après l’Institut, ceux-ci devraient au minimum être mis au courant du fait qu’ils sont filmés.

Les Big Brother Awards ont été lancés en 1998 en Grande Bretagne. Aujourd’hui, près d’une vingtaine de pays à travers le monde remet chaque année ces « anti-prix » aux institutions irrespectueuses des libertés et droits fondamentaux.