Les « boîtes à bébé » continuent de se développer

Photo : Radio Prague

Les baby-box, ces « boîtes à bébé », qui ressemblent à un grand tiroir sécurisé, inoxydable et où la température est maintenue à 28 degrés, se multiplient en République tchèque depuis 2005. D’ici cinq ans, vingt nouvelles baby-box viendront renforcer le dispositif existant afin de permettre aux mères qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas s’occuper de leur nouveau-né de l’y déposer en toute sécurité. Le fondateur de ce système parfois critiqué, Ludvík Hess a expliqué l’origine des baby-box au micro de Radio Prague.

GynCentrum dans le quartier de Hloubětín,  photo: Wikimedia CC-BY-SA-2.5
C’est dans la ville de Kladno qu’a été relevé pour la dernière fois, en janvier dernier, le dépôt d’un nouveau-né : il s’agissait d’une fillette qui a été retrouvée en bonne santé. C’est le 114e enfant à connaître ce sort en République tchèque, où 63 baby-box ont été installé depuis la mise en place du système. Ludvík Hess :

« L’histoire tchèque des baby-box a commencé le 1er juin 2005 avec la mise en place de la première baby-box au centre de gynécologie-obstétrique GynCentrum dans le quartier de Hloubětín dans le neuvième arrondissement de Prague. Depuis dix ans, cette baby-box a recueilli dix-huit nouveau-nés. »

Ludvík Hess | Photo: Tomáš Adamec,  ČRo
La baby-box, ou « boîte à bébé », n’est toutefois pas une invention du monde moderne. Connue en France sous le nom de « tour d’abandon », cette pratique y a été délaissée au XIXe siècle. Ludvík Hess précise :

« Tout au long de l’histoire de l’humanité, des dispositifs similaires ont été mis en place dans divers pays. Et ce même en France, où a été fondé, à la moitié du XVIIIe siècle, l’hôpital des Enfants-Trouvés, où plusieurs milliers d’enfants étaient déposés chaque année. Bien évidemment, très peu survivaient. A Paris, on y recensait entre cinq et sept milles enfants chaque année. D’ailleurs, le philosophe Jean-Jacques Rousseau y a également déposé ses enfants. »

Photo : Radio Prague
A la fin du XXe siècle, la baby-box signe son retour sous une forme moderne et apparaît désormais dans onze pays, à partir de 1996 en Hongrie et 2000 en Allemagne. Indépendamment de la nationalité de leurs parents, les enfants déposés en République tchèque deviennent automatiquement des citoyens tchèques. En 2011, année record, 22 nouveau-nés ont été déposés, contre 12 l’an passé. Selon, Ludvík Hess, ce système d’extrême urgence ne doit pas devenir la règle. Il ne bénéficie d’ailleurs pas d’aides publiques :

« Il n’y a eu aucune aide de la part de l’Etat. Au contraire, certaines institutions, comme le ministère de la Santé en première position, ont été au départ contre la mise en place de ces boîtes à bébé. Au fur et à mesure, le rapport de l’Etat à ces baby-box a changé. Je ne pourrais pas dire que l’Etat s’est prononcé jusqu’à présent de façon très positive à propos des boîtes à bébé, mais en même temps il ne les rejette pas. Les baby-box ont toujours leurs adversaires, mais on ne les trouve pas dans les rangs des autorités publiques. »

Le 2 février dernier, une nouvelle baby-box a été mise en place à la Faculté de médecine de la ville d’Olomouc, en Moravie. A l’heure actuelle, il existe près de 200 baby-box, dans onze pays du monde entier, comme en Slovaquie, en Autriche, ou au Japon. L’Allemagne en possède plus de 80, un chiffre record qui devrait donc bientôt être atteint en République tchèque. Néanmoins, l’ONU semble s’inquiéter du nombre croissant de ces dispositifs dans la mesure, où cette pratique irait à l’encontre de l’article 7 de la Convention relative aux Droits de l’Enfant, c’est-à-dire à l’encontre du droit de l’enfant à ce que « son ou ses parents le connaissent et s’occupent de lui ». Pour plus d’informations sur le sujet www.babybox.cz.