Les étudiants étrangers confinés en République tchèque

Photo illustrative: StartupStockPhotos/Pixabay, CC0

Chaque année, ce sont plus de 10 000 étudiants étrangers qui viennent étudier en République tchèque pendant un ou deux semestres dans le cadre du programme Erasmus. Si la majorité de ceux qui effectuaient ces derniers temps leur séjour d’étude ou leur stage à Prague ont décidé de rentrer dans leur pays d’origine après l’annonce de la mise en quarantaine de la Tchéquie, certains ont décidé de rester. Pourquoi ont-ils fait ce choix ? Rencontre avec deux étudiants de Sciences Po Bordeaux qui passent le confinement dans un pays étranger loin de leur famille.

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Cela fait un peu plus de deux semaines que la quarantaine a été mise en place en République tchèque. Les musées, cinémas, bars, restaurants, ainsi que la plupart des magasins sont désormais fermés, et les sorties hors de chez soi doivent être limitées au strict nécessaire. La fermeture des écoles et des universités a non seulement impacté le quotidien des élèves et étudiants tchèques, mais également celui des étudiants Erasmus.

Certains d’entre eux ont malgré tout préféré rester en République tchèque plutôt que de rentrer dans leur pays d’origine. C’est le cas de Pierre-Louis, étudiant à l’Université Charles de Prague, qui explique les raisons de son choix :

« La première [raison], c’est que je n’avais pas envie de terminer mon Erasmus dans la précipitation, comme beaucoup ici. Je me sens aussi plus en sécurité ici, que ce soit pour moi ou pour ma famille. L’université a réagi aussi assez vite. Ils ont mis en place de bonnes conditions de travail pour nous, avec des cours en ligne. Il y a aussi mes amis sur place. »

Pierre est également étudiant Erasmus à l’Université Charles pour l’année, et reste pour les mêmes raisons que Pierre-Louis. La plupart de ses professeurs assurent des cours en ligne, ce qui n’est pas le cas dans toutes les écoles. Son université en France n’ayant pas validé d’office ce semestre comme d’autres universités françaises ont pu le faire, il doit continuer de suivre ses cours en ligne. Cela lui permet de passer le temps, ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’on est contraint de rester chez soi.

« Je m’occupe de différentes manières. Déjà, je suis les cours en ligne. Après, j’ai beaucoup de travaux à rendre et de textes à lire pour mon travail. On arrive aussi à voir des films, à faire un peu de sport. J’avais commencé à apprendre le tchèque, et là je le perfectionne un peu, ça prend du temps. »

Les mesures drastiques prises par le gouvernement d’Andrej Babiš viennent écourter une mobilité préparée et attendue depuis longtemps par les étudiants Erasmus. Néanmoins, Pierre-Louis salue les décisions rapides prises par la République tchèque.

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« Je pense que le gouvernement tchèque a été assez réactif, avec des mesures efficaces et rapides. Surtout, beaucoup d’informations sont arrivées jusqu’à nous alors qu’on est ici en tant qu’Erasmus. En revanche, ils n’ont peut-être pas fait assez de tests. C’est peut-être le seul défaut que je leur reprocherais jusque-là. Je trouve qu’ils avaient de l’avance dans la prise de décision (comparé à la France, ndlr). Mais le pays est plus petit donc c’est difficile de comparer entre les deux. »

Être confiné dans un pays étranger peut sembler difficile, notamment à cause de l’isolement et l’éloignement avec la famille et les amis. Cependant, Pierre sait que cette situation particulière n’est pas éternelle. Il relativise et prend son mal en patience :

« C’est assez contraignant de ne pas sortir de l’appartement, mais on prend l’habitude. J’appelle aussi assez souvent ma famille, donc je reste en contact avec eux, et avec mes amis aussi. Cela me permet de ne pas me sentir trop isolé quand je m’ennuie. Je pense qu’il faut être réaliste à propos de la situation et se dire que cela va encore durer quelques temps, mais d’ici un ou deux mois, la plupart des choses seront rentrées dans l’ordre. »