Les retrouvailles avec l’œuvre de Bohuslav Martinů

Bohuslav Martinů

Depuis des mois toute la vie musicale tchèque est marquée par ce qu’on pourrait appeler le grand retour du compositeur Bohuslav Martinů. La vie de ce grand artiste tchèque s’est achevée le 28 août 1959 à Liestal en Suisse, donc il y a 50 ans, et c’est une occasion exceptionnelle pour faire revivre son œuvre dans des salles de concerts et de théâtre. D’innombrables manifestations organisées à cette occasion sont réunies et présentées dans le cadre du projet intitulé «Martinů revisited».

La richesse et la diversité de l’œuvre de Bohuslav Martinů ne cessent de nous étonner. Son catalogue compte quelque 400 compositions dont 6 symphonies, 12 opéras, et environs 90 œuvres de chambre. Le nom de ce fils d’un sonneur de cloches né en 1890 dans le petit bourg de Polička, est aujourd’hui cité avec ceux de Smetana, Dvořák et Janáček. Il a vécu en Bohême, en France, aux Etats-Unis et en Suisse, a subi de nombreuses influences et pourtant sa musique est restée profondément authentique et reconnaissable dès les premiers tons. Le directeur de l’Institut Bohuslav Martinů, Aleš Březina, est organisateur d’un projet ambitieux qui permettra au public tchèque et étranger de redécouvrir et de « revisiter » l’œuvre de ce géant de la musique tchèque:

«‘Martinů revisited’ est un projet organisé à l’occasion du 50e anniversaire de la disparition du compositeur, en août 2009, mais nous l’avons élargi pour qu’il couvre les saisons avant et après cette date. C’est donc un projet de deux ans qui se propose d’inspirer, d’organiser et de rassembler les informations sur toutes les activités concernant Bohuslav Martinů pendant cette période.»

Le projet a commencé le 11 décembre 2008 par un concert de la Philharmonie tchèque sous la direction de Charles Mackerras qui a présenté la première mondiale de trois fragments de l’opéra Juliette ou la Clé des songes interprété entre autres par la chanteuse Magdalena Kožená. Pour Charles Mackerras qui est un grand spécialiste de la musique de Leoš Janáček, c’était probablement la dernière collaboration avec le meilleur des orchestres tchèques. Il a fait à cette occasion une petite comparaison entre Janáček et Martinů:

«Pour moi, la musique de Bohuslav Martinů se situe tout à fait au même niveau que celle de Janáček. Néanmoins Martinů est une personnalité tout à fait différente. L’œuvre de ce compositeur est du plus grand intérêt et Juliette ou la Clé des songes est son opéra le plus intéressant. Il y a ‘beaucoup d’atmosphère’ dans cet opéra.»

Pratiquement tous les orchestres symphoniques tchèques se joignent au projet en adoptant dans leur programme des œuvres de Martinů. Dans son cadre, ont déjà eu lieu, à Prague, à Dresde et à Vienne, trois conférences internationales consacrées à ce compositeur. Aleš Březina souligne l’ampleur internationale du projet:

«Il n’y a pratiquement pas d’orchestre symphonique importants dans le monde qui ne présente dans les saisons 2008-2009 et 2009-2010 une œuvre de Bohuslav Martinů. Je cite dans ce contexte les Orchestres philharmoniques de New York, de Vienne, de Berlin, l’Orchestre symphonique de la BBC avec son directeur musical Jiří Bělohlávek ou bien aussi l’Orchestre de chambre de Bâle lié au compositeur depuis la période où il a été dirigé par Paul Sacher, mécène de Bohuslav Martinů. (…) Ces orchestres se comptent par centaines et cela nous fait vraiment plaisir.»

Rien qu’en Suisse seront présentés, entre 2008 et 2012, cinq premières d’opéras de Bohuslav Martinů dans cinq théâtres différents ce qui est un des plus grands festivals d’œuvres lyriques de ce compositeur jamais organisés.