Les toiles intimistes d’Antonín Sládek, un an après sa disparition

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Le 31 octobre 2009 disparaissait le peintre Antonín Sládek, souvent désigné comme le « dernier Parisien ». La galerie Ztichlá Klika à Prague s’est donnée pour mission d’exposer les artistes souvent négligés des grandes galeries. Elle propose de découvrir une autre facette de la création d’Antonín Sládek, comme nous le rappelle Virginie Béjot, de la galerie.

« Antonín Sládek était un peintre tchèque qui a fait plutôt des portraits et des intérieurs de cafés parisiens. Il a aussi fait des affiches pour des films, connues dans les années 1960, des affiches des Beatles aussi. Nous, on a voulu montrer quelque chose d’autre, quelque chose de plus intime, c’est-à-dire les natures mortes et les paysages. »

C’est à la galerie Ztichlá Klika, près de la place de Bethléem à Prague. C’est à voir jusqu’à quand ?

« L’exposition a commencé le 3 novembre et s’achèvera le 8 décembre. »

Toiles d'Antonín Sladek à la galerie Ztichlá Klika
C’est vrai qu’Antonín Sladek est plus connu pour ses affiches ou ses intérieurs parisiens. Ici, il y a certes des extérieurs parisiens, d’usines, mais comment avez-vous sélectionné ces toiles, quand même très différentes ?

« L’idée était de faire une exposition plus originale de Sládek, qui était notre ami. On voulait exposer des œuvres que personne ne connaissait parce que c’était sa collection personnelle. Aujourd’hui cette collection-là appartient à sa famille, à sa soeur et aux enfants de celle-ci, car lui n’avait pas d’enfants. On savait plus ou moins ce qu’il y avait, des paysages, des natures mortes, mais pas précisément. Jan Placák est allé en Moravie, a choisi quelques toiles d’Antonín. Mais c’est un choix plutôt arbitraire. »

Nature morte au lait renversé,  huile sur toile,  1965
Comment peut-on caractériser son coup de pinceau ?

« C’était une peinture plutôt classique, figurative, poétique. C’est une peinture intimiste. »

Je pense qu’il y a beaucoup de mélancolie dans ses paysages, les vues enneigées, celles à travers la fenêtre aussi...

« Oui, c’est cela. Il y a une sorte de tristesse dans ces toiles. »

C’était le caractère d’Antonín Sládek ?

Autoportrait,  huile sur carton,  2003
« Je pense que c’était quelqu’un qui était aimé de tout le monde. Il avait une personnalité très positive, très drôle, pleine d’esprit, charmante. D’ailleurs, ses peintures sont aussi charmantes. Il appartenait vraiment à une autre école de peintres, celle du début du XXe siècle, à la parisienne. »

C’est étrange à cet égard. On dit souvent qu’il s’inspirait de Toulouse-Lautrec par exemple, pour ses tableaux de cafés parisiens. Or, ici, à Ztichlá Klika, on ne retrouve pas du tout cela...

« C’est vrai, c’est beaucoup plus intime, plus personnel. Je pense que les intérieurs de cafés, les portraits, il les faisait certainement avec plaisir, mais c’était ceux qu’il vendait. Les tableaux que nous exposons, il ne les vendait pas, c’était sa peinture à lui. Sinon pour revenir sur son caractère, je pense qu’il était très positif, mais que c’était aussi quelqu’un de très mélancolique, ce que l’on peut voir aujourd’hui dans ses peintures. »

Comment a-t-il vécu à Paris ?

Maison place de la Bastille,  huile sur toile,  1981
« En fait, il voyageait à Paris. Je ne sais pas s’il y a vraiment vécu. Je sais qu’il a été marié avec une Française juste pour pouvoir voyager à Paris. C’était assez formel ! Je pense qu’il aimait vraiment beaucoup Paris, la France et la culture française. Quand on s’est rencontrés il y a quatre ans, il était toujours ravi de venir ici et de parler avec moi en français. Je pense que la culture française lui était vraiment proche et qu’il a vraiment saisi quelque chose de l’esprit français dans sa peinture. »