Les viticulteurs tchèques redoutent des vendanges insuffisantes

Photo: CTK

Y aura-t-il suffisamment de vin pour tout le monde en République tchèque l’année prochaine ? Bien entendu, il ne s’agit que d’une question théorique, aucune crainte n’a lieu d’être. Mais à cause d’une météo très pluvieuse en juin et du mildiou, les viticulteurs tchèques prévoient une baisse importante du volume de raisin récolté cette année. Selon les premières estimations, après que les vendanges aient débuté dans certaines régions fin septembre, viticulteurs et producteurs de raisin pourraient être confrontés à une baisse de production de 50 % par rapport à la moyenne de ces dix dernières années.

Photo: CTK
Alors que la mi-octobre approche, seulement un quart de l’ensemble des fruits se trouvant sur les ceps ont été récoltés jusqu’à présent. Selon l’Union nationale des viticulteurs (SV ČŘ), le prix du vin produit en 2010, notamment en Moravie, principale région viticole tchèque, pourrait augmenter d’environ 10 %. Directeur du Fonds viticole, Jaroslav Machovec explique pourquoi :

« La situation économique sera forcément différente de celle des années où la récolte est beaucoup plus importante. La somme d’argent nécessaire pour les vendanges ne change pas ou peu d’une année à l’autre, en revanche le volume récolté est, lui, nettement moindre. A certains endroits, les vendanges n’ont pas encore commencé, alors qu’à cette époque de l’année, elles sont parfois déjà terminées ou presque. Tout cela pourrait avoir des retombées sur les prix, même si cela dépendra aussi de la concurrence étrangère. Mais en théorie, si les viticulteurs sont pragmatiques et se basent sur leurs coûts de production, les prix devraient augmenter. »

Photo: CTK

Pessimiste, l’Union nationale des viticulteurs estime que quelque trois tonnes de raisin par hectare devraient être récoltées en moyenne. Un chiffre qui représente environ 380 000 hectolitres de vin, soit seulement un cinquième de la consommation annuelle moyenne en République tchèque. La quantité manquante devra donc être importée.

Ce n’est cependant pas la première fois que les viticulteurs tchèques sont confrontés à une telle situation, 2003 et 1997 restant des millésimes particulièrement déficients en termes de quantité. En outre, l’année dernière, un volume de récolte inférieur de 35 % à la moyenne avait déjà été enregistré.

Jiří Sedlo
Pour l’heure, les faibles récoltes ont surtout des conséquences néfastes pour les producteurs de raisin, comme le constate le président de l’Union des viticulteurs, Jiří Sedlo :

« Les producteurs de raisin sont effectivement les premiers touchés. Même si le prix du raisin augmente, cela ne compensera pas le manque à gagner. Le prix du raisin ne va pas doubler même s’il y a un volume de production inférieur de moitié à celui des autres années. Quoiqu’il arrive, il y aura donc des pertes. Pour les viticulteurs, ce n’est pas aussi simple, cela dépendra de la façon dont le vin se vendra. »

D’abord fixé autour de 60 centimes d’euro à la vente au début des vendanges, le prix du kilo de raisin a depuis grimpé à 80 centimes et devrait rapidement atteindre la limite symbolique de 1 euro.

Jan Veleba
Mais les faibles récoltes de cette année ne touchent pas uniquement les viticulteurs et les producteurs de raisin. Selon les chiffres publiés ce mardi par l’Institut des statistiques, le volume des moissons, dont les agriculteurs tchèques sont également venus à bout plus tard cette année en raison de conditions météos défavorables, est inférieur de 10 % à celui de l’année dernière, comme le regrette le président de la Chambre agraire, Jan Veleba :

« Cette année, les moissons ont été caractérisées par des pertes importantes et par une augmentation des coûts de récolte. Si l’on tient compte de la différence entre ce qui a poussé dans les champs et ce qui a été réellement récolté et de l’augmentation des coûts, le montant total des pertes des agriculteurs devrait se situer entre 200 et 250 millions d’euros. »

Tout cela sans compter les pertes enregistrées dans la plupart des autres cultures, la pomme de terre et le colza notamment subissant respectivement des baisses de 6 et 11,5 %.