L’image du Golem de Prague désormais propriété privée

Le Golem dans 'Le boulanger de l'empereur – l'empereur du boulanger'

Il va falloir payer pour utiliser le symbole du Golem. C’est ce qu’a décidé la justice de la ville de Prague, donnant ainsi raison aux héritiers du sculpteur Jaroslav Horejc, auteur de l’une des représentations du Golem de Prague devenue des plus communes. Or son utilisation a été jugée abusive et viole les principes des droits d’auteur.

Si la légende du Golem du Maharal de Prague date du XVIe siècle, avec de nombreuses représentations successives de la célèbre créature, c’est bien celle de ce géant de terre créé par le sculpteur Jaroslav Horejc pour le film ‘Le boulanger de l’empereur – l’empereur du boulanger’ qui est entrée ces dernières années dans l’imaginaire collectif. L’énorme personnage aux yeux fumants, doté d’une ceinture de fer et nanti de deux cicatrices traversant son ventre et sa poitrine, pansées par deux morceaux d’acier, a ainsi été énormément utilisé depuis le succès du film dans les années 1950 comme un des modèles les plus répandus du Golem.

On le retrouve donc dans de nombreux magasins de souvenirs, sous la forme de figurines, de dessins, de cartes postales etc. Et c’est aussi ce modèle qui avait été choisi par le Musée WAX de Prague – le musée de personnages en cire de la capitale.

L’héritière du plasticien Jaroslav Horejc, Dagmar Dományová, a obtenu mardi sa première victoire dans une série de plaintes déposées depuis plusieurs années, pour utilisation abusive de l’image du personnage. Elle a enfin réussi à prouver, grâce à une photo trouvée dans un livre, que Horejc était incontestablement l’auteur de ce Golem.

Le juge Martin Valehrach a néanmoins estimé qu’il ne s’agissait pas de plagiat, mais les très fortes ressemblances avec le personnage du film ‘Le boulanger de l’empereur’ obligent le musée, au nom des droits d’auteur, à payer des dommages. 100 000 couronnes étaient réclamées par la plaignante pour une utilisation publicitaire il y a six ans de deux Golem. Elle n’en a obtenu finalement que la moitié. Un verdict qualifié d’immoral par Zdeněk Kočík, propriétaire du musée WAX :

Photo: Milena Štráfeldová
« A titre de comparaison, nous payons pour une œuvre originale de Salvator Dali à ses héritiers ou à la fondation qui gère ses droits 1,20 couronnes par œuvre et par jour. Mais je ne vais pas faire appel. Nous sommes une société riche, donc nous pouvons payer ces 50 000 couronnes. Je ne vais pas aggraver cette affaire. »

En revanche, l’avocat de la plaignante a déclaré qu’il encouragerait sa cliente à faire appel pour obtenir les 100 000 couronnes réclamées. Quoi qu’il en soit, cette première sentence devrait faire jurisprudence pour les autres plaintes en cours déposées par Dagmar Dományová. Les fabricants de souvenirs et autres restaurants utilisant l’effigie du célèbre personnage savent désormais à quoi s’en tenir.