Malgré le contraste avec Miloš Zeman, Zuzana Čaputová a rappelé à Prague la qualité des relations tchécos-slovaques

Zuzana Čaputová et Miloš Zeman, photo: ČTK/Michal Krumphanzl

Cinq jours après avoir été investie dans ses fonctions à Bratislava, Zuzana Čaputová effectuait une visite à Prague ce jeudi, dans le plus pur respect de la tradition des relations entre les deux pays depuis la partition de la Tchécoslovaquie. La nouvelle présidente slovaque y était très attendue.

Zuzana Čaputová et Miloš Zeman,  photo: ČTK/Michal Krumphanzl

« La présidente slovaque Zuzana Čaputová a choisi Prague comme destination de sa première visite à l’étranger. Cela aurait été une information intéressante s’il en avait été autrement », notait malicieusement le commentateur du quotidien économique Hospodářské noviny dans l’édition de ce jeudi. « En agissant de la sorte, la présidente que beaucoup de Tchèques suivent avec grand intérêt, ne fait que confirmer le stéréotype qui veut que les relations entre Tchèques et Slovaques soient officiellement excellentes et que les politiciens des deux pays n’aient pas à se casser la tête pour leur premier voyage à l’étranger dans leurs nouvelles fonctions. » Cette vision des faits avait d’ailleurs déjà été partagée par Zuzana Čaputová elle-même, dans une interview publiée par l’agence de presse ČTK la veille de son arrivée à Prague :

« La République tchèque est le partenaire le plus proche de la Slovaquie, et la tradition est effectivement que les premiers déplacements à l’étranger des nouveaux présidents des deux pays mènent chez le voisin. C’est une tradition que je respecte avec joie et qui s’inscrit dans la continuité, non seulement parce que nous avons une histoire commune, mais aussi parce que de nombreux habitants de nos deux pays ont conservé des liens personnels très forts. Pour moi aussi, la République tchèque est un pays que j’apprécie beaucoup pour y passer quelques jours de vacances. »

A l’exception d’un concert gratuit organisé en son honneur qui se tiendra ce jeudi soir sur la presqu’île de Kampa, Zuzana Čaputová, qui n'aura pas croisé son compatriote Andrej Babiš occupé par le sommet européen, a eu droit à un programme tout ce qu’il y a de plus classique. Accueillie avec les fanfares et les honneurs militaires au Château de Prague, elle s’est d’abord entretenue avec son homologue tchèque Miloš Zeman. « Deux chefs d’Etat entre lesquels il n’existe pas en Europe centrale de plus grand contraste, et pas seulement en raison de l’âge et du sexe », pouvait-on lire également dans Hospodářské noviny. Un avis partiellement partagé par Miloš Zeman lui-même sur le ton de l’humour :

« Madame la présidente est jeune et belle, tandis que moi, il ne me reste plus que la beauté. »

Zuzana Čaputová,  photo: ČTK/Václav Šálek
Mais le président tchèque, qui n’a pas manqué de souhaiter un bon anniversaire à Zuzana Čaputová, qui fêtera ses 46 ans ce vendredi, ne s’est pas contenté de flatter son hôte du jour. Bien que nettement plus avare de ses propos que sa voisine de table, il s’est aussi félicité des avancées relatives à l’ouverture d’une Maison tchèque à Bratislava, un lieu dans lequel seront organisée divers événements :

« Il me faut avant tout souligner l’atmosphère très, très amicale qui a régné lors de ces échanges entre nos deux délégations, puis ensuite lors de notre tête-à-tête. Je tiens à remercier madame la présidente pour son soutien à mon idée fixe de construire une Maison tchèque à Bratislava. Je suis convaincu que nous y parviendrons avant la fin de cette année. Nous avons convenu que nous l’ouvrirons ensemble et que nous inviterons monsieur le président Andrej Kiska de façon à former la sainte trinité. »

Pour le reste, à les écouter l’un comme l’autre, Miloš Zeman et Zuzana Čaputová se sont entretenus des questions européennes, du Groupe de Visegrád, qui réunit la République tchèque et la Slovaquie avec la Hongrie et la Pologne, ou encore d’autres questions de politique internationale, sans trouver le moindre point de discorde. Le contraire aurait été, il est vrai, fort étonnant, et il est peu probable qu’ils en trouvent d’ici l’automne prochain lorsque sera célébré le trentième anniversaire de la chute du régime communiste en Tchécoslovaquie, événement qui réunira de nouveau les présidents tchèque et slovaque.